Comme un parfum d’Asie à Neuilly : derrière sa façade de townhouse anglais, cet hôtel particulier des années 30 invite à un voyage au long cours... jusqu’au Japon. Une culture pour laquelle l’architecte et décorateur américain Elliott Barnes, qui a débuté chez Andrée Putman et adopté Paris depuis plus de vingt ans pour y installer son agence en 2004, et les maîtres des lieux partagent la même fascination. “C’est d’ailleurs à leur retour du Japon, où ils ont vécu trois ans, que ce couple franco-allemand qui vit ici avec ses deux enfants, m’a confié la rénovation de cette maison, acquise quelques années avant leur départ, explique-t-il. Leur demande initiale – réaménager la chambre et la salle de bains parentales, et créer un grand dressing – a évolué au fur et à mesure de nos échanges; nous avons finalement revu et fluidifié toute la circulation de la maison.” Bien que dotée d’une belle surface globale (290 m2), il a fallu, comme à Tokyo, optimiser le moindre recoin de cette maison tout en hauteur.
Un intérieur qui mixe les styles
Organisée sur quatre plateaux d’environ 70 m2, elle n’avait pas d’accès pratique au jardin et l’escalier “grignotait” l’espace. Déplacé – pour permettre l’implantation d’une cuisine en rez-de-jardin – et redessiné, il structure la salle à manger tout en facilitant l’accès au salon, à l’étage. Et comme pour chacun de ses projets – la renaissance du mythique club parisien Le Duc des Lombards, les salons de la maison de Champagne Ruinart à Reims, le Ritz Carlton de Wolfburg, en Allemagne ou des appartements privés – ce passionné de jazz a cherché les bons accords pour repenser une maison qui ressemble à ses occupants, en faisant dialoguer leurs objets d’art anciens asiatiques et des icônes du design contemporain, comme le canapé Florence Knoll et les intemporels fauteuils “Barcelona” de Ludwig Mies Van der Rohe, “le” designer fétiche d’Elliott Barnes. Aux jeux de matière (bois, pierre, métal), les bruns et grège apaisants apportent une certaine sensualité. Ultime touche à cette partition parfaitement maîtrisée, les tons foncés au rez-de-chaussée s’éclaircissent à mesure que l’on monte vers les pièces de repos, parachevant cet éloge nuancé de l’ombre et de la lumière.
Texte : Carine Keyvan avec Isabelle Soing
Photographe : Didier Delmas
Marie Claire Maison N°492