L’une est blonde, l’autre aussi. Fondatrices de l’agence d’architecture d’intérieur qui porte leurs noms, Daphné Desjeux et Dorothée Delaye travaillent toujours à quatre mains. Remarquées pour leur décoration d’hôtels parisiens, le Handsome, le Snob et le Bob, elles ont été choisies par Carole Ghazarossian et Jeremy Nock, eux-mêmes professionnels de l’hôtellerie, pour rénover leur appartement, dans le quartier Saint-Augustin.
“Nous voulions conserver le triptyque parquet-cheminée-moulures en lui apportant une touche contemporaine, transformer l’ancienne cuisine en studio pour la jeune fille au pair qui s’occupe de nos filles, Summer et Holly, et intégrer une cuisine dans la pièce à vivre, car nous aimons cuisiner et recevoir”, explique Carole, qui a flairé son potentiel, malgré son mauvais état général. “Quand Carole et Jeremy l’ont acquis, il était dans un état épouvantable, presque insalubre !” confirme Dorothée Delaye. “Transmis depuis trois générations dans la même famille, il n’avait jamais été rénové, ni entretenu... Il a donc fallu tout démolir et repartir de zéro.” Et faire de son défaut originel – le manque de luminosité lié à sa situation en rez-de- chaussée – un atout: “Notre première idée, pour faciliter un accès direct au jardin, a été d’ouvrir l’appartement sur l’extérieur grâce à de grandes baies vitrées”, expliquent les architectes d’intérieur. Avec une hauteur sous plafond de 4,50 mètres, la lumière entre désormais à flots. “Ce type d’autorisation, compte tenu des contraintes de l’urbanisme sur les bâtiments anciens, est toujours un peu délicat à justifier, mais à notre grande surprise, nous l’avons obtenu sans difficulté”, se réjouit Dorothée Delaye.
Un appartement à l'esprit masculin, chic et décontracté
Une fois toutes les cloisons abattues, le duo a donc réorganisé les espaces et effectué un important travail de menuiserie sur mesure. Dans l’esprit masculin-chic et décontracté qui fait leur marque de fabrique, l’agence Desjeux Delaye a choisi des matériaux résistants comme un carrelage hexagonal qui rappelle les tomettes, un plan de travail et une crédence façon marbre. “Leur rendu est élégant, mais ils redoutent moins les taches qu’un carreau de ciment ou du marbre véritable”, précise Dorothée Delaye. Un camaïeu de trois nuances décale subtilement les codes haussmanniens de l’incontournable parquet point de Hongrie. “Dans l’entrée, nous avons joué la théâtralité, avec un vert bronze une couleur foncée qui fait écho au vert anglais, comme un clin d’œil à Jeremy”, ajoute Dorothée Delaye. Autre référence à l’univers professionnel du couple, la suite parentale reprend certains codes de l’hôtellerie, avec une tête de lit en velours intégrant des liseuses. Puis, le duo a fait réaliser des cloisons coulissantes avec un miroir fumé gris dans la salle de bains attenante. Et partout, sur les appliques, comme serties d’or et les piétements de fauteuils, le laiton apporte à chaque objet ou meuble le raffinement d’un bijou art déco.
Reportage : Virginie Lucy-Duboscq
Texte : Carine Keyvan
Photos : Bénédicte Drummond