Slow life, kinfolk, home made... Depuis quelques années, l'univers de la déco hexagonale a vu débarquer une foule d'anglicismes et de termes tendances qui n'en annonçaient au final qu'une seule : la nécessité d'un retour à l'essentiel. Dépouillées de tout leur attirail « branchouille » et de leurs filtres Instagram, ces tendances sacralisées via des réseaux sociaux comme Pinterest ou des entreprises en ligne nouvelle génération comme Etsy, ont bouleversé nos centres d'intérêts, nos activités et surtout notre intérieur.

Surprenant et pourtant véridique, entre une tablette dernier cri et le dernier smartphone à la mode, l'habitant des années 2000 a eu envie de s'offrir ce qu'il ne pouvait pas s'acheter : le saint-graal de l'objet fait-main... Et – heureusement pour lui - quand ses dix doigts n'avaient point hérité d'agilité, il décidait de faire appel à des artisans dont l'habilité première n'était pas de produire en masse mais au contraire de produire moins et bien.

Retour en grâce de l'artisanal

Ce retour en grâce du home-made, des matériaux bruts travaillés par la main de l’homme, de l’imperfection de l’objet comme must have déco vous n’avez qu’à jeter un rapide coup d’œil autour de vous, décryptez les faits et gestes de votre prochain et peut-être de vous-même pour en prendre le pouls. Nous sommes de plus en plus nombreux à avoir envie de tenter l'expérience - ne serait-ce que frôler l'idée - de quitter les villes pour la campagne, délaisser les enseignes de fast fashion pour tricoter nos pulls, fabriquer notre petite déco dans des ateliers en communauté avec d’autres intéressés pour le bien-être qu’apporte cette pratique. La preuve : les DIY cartonnent aux quatre coins de la Toile, les inspirations et conseils se partagent d'un compte à l'autre et de nouvelles boutiques proposent des ateliers créatifs autour de la déco home-made, comme les désormais incontournables Klin d'Oeil ou Seize à Paris. Sans oublier l'arrivée à Paris du concept-store des métiers d'art, Empreintes qui propose plus de 1 000 objets sensibles, réalisés en pièces uniques ou petites séries dans l'atelier du créateur. Les phénomènes sont divers pour comprendre/ justifier cette tendance du « fait main »...

Vidéo du jour

Dans notre numéro mai-juin où un joli shopping lui est consacré,  on a décidé de nommer cette vaste tendance « Larzac ». Un clin d’œil appuyé à ces jeunes gens qui, à l'aube des seventies, décidèrent de tenir tête à l’État aux côtés d'agriculteurs pour conserver leur terre. Sorte de « Woodstock français » où une communauté hétérogène désirait consommer local et promouvoir l'artisanat. Alors puisque en mode on renfile nos sabots en bois, nos pattes d'éph et nos pulls tricotés, pourquoi ne pas faire de même en déco et réclamer haut et fort nos envies d'autosuffisance et d'objets plus éthiques ?

Les Américains, toujours en avance sur le Vieux Continent, semblent avoir été les initiateurs de tels désirs avec le lancement il y a 6 ans d’un trimestriel qui, fort de son succès, a donné le nom à un style : Kinfolk. Plébiscitée par une population citadine et aisée, la tendance kinfolk s’est expatriée à merveille chez nous. Inutile de préciser que l’Hexagone en connaissait déjà un rayon niveau vie à la campagne, gastronomie et artisanat. Si certains attaquent à juste titre la posture bien-pensante de cet art de vivre devenu aujourd'hui un véritable esthétisme vu et revu, quitte à en lasser même les plus convaincus, on peut le remercier d'avoir remis au centre de nos interrogations notre consommation effrénée de biens et notre tendance à cumuler les objets. Celles-ci ne satisfaisant clairement pas notre quête de sens.

Le bilan des années 2000 étant ce qu’il est, nous en avons eu marre du speed non stop, des mauvaises nouvelles et de nos mains scotchés à nos écrans, le kinfolk et plus vastement  DIY et autres amours de la chose home made tombaient à pic. Ironie du sort, ces tendances nous ont séduit à travers les écrans. Pinterest, Instagram et Etsy nous prouvant que nous aussi nous pouvions être des adeptes de cette nouvelle religion esthétique. Nos mains ont eu envie d’autres choses que d’écran. De plonger dans la terre dans des potagers partagés, de tisser des teintures murales ultra bohème ou des macramés pour nos plantes, de sculpter la céramique ou de travailler le cuir. De faire entrer l'esthétisme propres aux années Larzac dans nos vies, à petites doses ou à grand renfort. C'est ainsi que tous les matériaux et matières énumérés profitèrent d'un fulgurant retour de hype... et naturellement d'un regain d'intérêt chez les marques. A nous dorénavant d'être en phase avec nos envies... consommer éthique en bricolant l'objet de nos propres mains ou par un artisan reconnu ou consommer tendance en se procurant une pâle copie.

>> A retrouver dans Marie Claire Maison de mai-juin, N°493, notre shopping "Back To Larzac", page 54