Tous à Hackney ! Depuis les J.O. de Londres de 2012, ce quartier de l’est de la capitale, où a été construit le stade foulé par Usain Bolt, détient lui aussi un record, celui de la plus grande concentration d’artistes et de créatifs... Mais il abrite encore quelques rues en retrait de la foule des hipsters en goguette, comme De Beauvoir Town, où Graz Darken et son mari Nick ont posé leurs valises en arrivant d’Australie il y a dix-sept ans.
Un amour placé sous le signe de la curiosité
Le couple, formé sur les bancs de l’école de design de Melbourne, a tout de suite aimé ce quartier atypique. Le pari était osé: avant que la folie du street art s’empare de la ville et n’en fasse un fief “bobo arty”, les gangs sévissaient et les graffitis recouvraient les murs des usines de cet ancien poumon industriel de Londres. Parents de deux garçons, c’est à la naissance de leur petite dernière, Cyan, que Graz et Nick ont investi, en 2006, cette maison victorienne... “so british” : “Les propriétaires n’avaient rien modifié depuis trente ans ; on trouvait de la moquette jusque dans la salle de bains !”
Graz et Nick ont attendu quelques années que leur tribu grandisse un peu avant de mettre entièrement la maison “à nu”, de la rénover et de l’agrandir. Logique pour ce couple qui collectionne les assises de designers. “Il ne faut garder que les meubles que l’on peut aimer toute une vie”, estime Graz, qui dirige l’agence de décoration d’intérieur Slices London. Sa patte ? Le décalage. “J’adore dénicher des objets qui interpellent et vont inciter à la réflexion.” L’objet doit attirer le regard, attiser la curiosité.
Un intérieur scénographié
Mise en scène avec humour, chaque espace dévoile ainsi un effet de contraste – comme la monumentale cheminée de briques blanches du salon, avec le bestiaire onirique et orientalisant du papier peint sombre aux murs – ou une trouvaille insolite. Comme si un dramaturge facétieux avait dispersé çà et là son cabinet de curiosités – suggéré par un tapis zèbre, un crâne de cheval, une lampe chinoise un peu kitsch... “Nous voulions que chaque pièce ait une identité forte, et que chacun puisse la choisir selon l’humeur du moment. Si vous cherchez Nick, dirigez-vous vers la bibliothèque, c’est là qu’il se réfugie...” Le couple aime scénographier les objets qui racontent une histoire. Mais c’est dans la cuisine que Graz, Nick et leurs enfants écrivent la pièce de leur vie.
Reportage et photos : Bénédicte Ausset
Texte : Carine Keyvan avec Isabelle Soing
Marie Claire Maison N°490