Il y a 13 ans, alors qu’il travaille à Paris, Niels Schönfelder, un architecte d’origine allemande, est sollicité sur un projet à Pondichéry, en Inde du Sud. Il pensait y rester trois mois, il n’en est jamais reparti ! Associé avec Dimitri Klein au sein du studio Mancini, installé à Chennai (l’ancienne Madras), on lui doit des hôtels comme le Tanjore HI, le Mocha Mojo, La Dune ou Park Kerala.
Un oasis au bord de la mer
“Chennai est aujourd’hui une ville bruyante avec peu d’espaces verts de qualité, explique-t-il. Avec ma femme, nous rêvions d’une maison au calme,pour nous échapper en fin de semaine.” Très concerné par le développement durable dans son travail et dans sa vie quotidienne, Niels Schönfelder a choisi l’éco village de La Dune, à trente minutes de Pondichéry. “Nous souhaitions réduire au maximum l’empreinte de notre maison. L’essentiel pour nous était surtout d’avoir un jardin et d’en profiter !” Comme la maison est proche de la mer, le couple a choisi d’ouvrir les façades sur les deux étages pour profiter de l’air marin et s’est attaché à faire communiquer l‘intérieur et les extérieurs. Le petit canal qui serpente autour de la maison sert par exemple de terrain de jeu aux enfants mais également de “barrière anti-insectes, un détail qui a son importance dans le coin !”
Une fabrication traditionnelle
Dans son travail d’architecte, Niels Schönfelder s’efforce souvent d’exploiter les techniques de fabrication traditionnelles et de faire vivre une forme de “patrimoine”. “C’est essentiel pour moi”, confirme-t-il. Autre priorité, l’écologie. “Je défends un mode de vie sain qui, à mon sens, peut rimer avec qualité et modernité.” Deux principes fondamentaux de son travail qu’il a naturellement défendus au moment d’imaginer sa propre maison. “Ici, le climat impose la double hauteur sous plafond ! De plus, nous voulions que la circulation dans la maison soit fluide, qu’elle devienne naturellement une sorte de lieu de vie partagé, à la fois atelier et bibliothèque, mais avec des proportions raisonnables. Si la cuisine occupe le rez-de-chaussée, les autres pièces plus petites ont été conçues comme des cabines de bateaux.”
Le mobilier, lui, devait être simple et pérenne. Les murs et les sols sont pour la plupart en ciment poli à la main et le béton des plafonds a été laissé apparent. L’architecte a également dessiné la table de la salle à manger, l’ensemble des tables d’appoint, le lit de jour à l’étage et conçu sur mesure tous les meubles intégrés à la construction. Et si les plans ont bien été dessinés par lui, il insiste sur le rôle joué par sa femme, Malavika Shivakumar. “Chaque décision a été prise à deux et c’est ensemble que nous sommes allés chiner dans des boutiques du coin qui sont plus des magasins de seconde main que des vrais antiquaires.” Leurs trouvailles locales cohabitent avec les souvenirs dont le couple a hérité. “Il n’y a rien de bien traditionnel dans cette maison mais tout y est très simple et authentique, conclut Niels. Toutes les boiseries ont été fabriquées avec du bois de récupération un peu brut et pas un seul arbre n’a été abattu pour la construire ! Ça comptait beaucoup pour nous.”
Texte Catherine Deydier