Des projets publics, des maisons privées, et même une tour de guet du XVIIIe siècle et un cimetière. L’architecte Marià Castelló s’est frotté à des projets de toutes sortes. Et pourtant, son chantier le plus exigeant fut celui de sa propre maison, la propriété de famille Can Manuel d’en Corda, idéalement située sur un cap ouest de l’île de Formentera.
“À l’origine, ce ne devait être qu’un lieu de travail et je l’ai donc conçu comme un bureau pour mon équipe et moi. Finalement, j’ai aménagé les deux espaces existants pour pouvoir y habiter aussi. J’ai toujours vécu à Formentera, confie l’architecte. Mes grands-parents habitaient la vieille maison, ce qui rendait vraiment essentiel pour moi de préserver l’âme de ces lieux. Mais je n’avais pas réalisé à quel point il est plus difficile de se décider quand il s’agit d’un chantier personnel ! J’ai fait trois projets avant de m’arrêter sur celui-ci.”
Une maison typique
L’architecte s’est laissé guider par la garrigue autour de la maison – typique de l’île – pour déterminer l’emplacement et la taille de l’extension. Les deux arbres de part et d’autre du bâtiment ont aidé l’architecte à “composer l’ensemble, à orienter les ouvertures, à définir la perception que l’on peut en avoir. Quand on regarde la façade, on voit qu’elle n’est pas plus haute que les arbres. Il était important qu’elle complète le paysage, qu’il ne soit pas perturbé par une masse artificielle. Je voulais arriver à quelque chose d’assez abstrait”.
Entre le studio et l’habitation, il a rassemblé les espaces fonctionnels (salle de bains, cuisine, lits, placards, bibliothèque) dans un module central délimité par des cloisons coulissantes en iroko. La géométrie austère de cet ensemble flexible et multifonctionnel s’inscrit dans la tradition architecturale de l’île. Ce à quoi Marià Castelló ne s’attendait pas, c’est voir débarquer autant de badauds attirés par ce qu’ils pensent être une galerie… “En fait, elle ne ressemble pas à une maison traditionnelle. Et ce dont nous sommes sûrs maintenant, c’est qu’elle ne laisse personne indifférent. Les avis sont bien tranchés, on aime ou on n’aime pas.” Nous, on aime.
Par Catherine Deydier