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Une maison chargée d'histoire

Philippe Garcia

Après des études aux Beaux-Arts de Düsseldorf puis à l’Académie de Bergame, Katrin Arens se spécialise dans la réalisation de meuble en bois fabriqués essentiellement à partir de matières brutes, à base des planches de chantiers usagées.

C’est en 1997 que la créatrice Katrin Arens tombe sous le charme de cet ancien couvent laissé à l’abandon. Située dans la campagne Lombarde, près de la rivière Adda et à quelques minutes de Milan, la découverte de cette bâtisse était quasi providentielle pour la créatrice qui recherchait une maison-atelier qui abriterait ses créations en bois brut. Même si la demeure est délabrée, son histoire et la nature environnante en font un lieu idéal et inspirant pour la créatrice. En effet, on prétend que Léonard de Vinci a vécu dans cette ferme dans le courant du XVe siècle qui fut ensuite convertie en couvent. Elle acquiert donc l’édifice de trois niveaux à réhabiliter. 1000 m2 en tout composés d’une grange, d’un étage et d’un grenier.

Pour la rénovation, la créatrice a voulu préserver la sérénité du lieu. Elle a donc conservé les aspérités des murs et les a tous repeint en blanc, apportant ainsi une grande luminosité dans chaque pièce. Côté décoration, Karin a opté pour intérieur sobre et authentique à l’image des meubles en bois brut qu’elle fabrique. Des meubles faits de planches de bois usées, de volets ou de portes en bois reconvertis, matériau qu’affectionne particulièrement la créatrice. Des créations minimaliste habitées par l’esprit récup inspirés par les voyages de Katrin en Asie ou en Amérique du Sud.

Si la belle surface qu’offrait cette demeure chargée d’histoire était parfaite pour accueillir les créations de Katrin, son environnement l’était d’autant plus pour la créatrice : un grand jardin, la rivière Adda qui le traverse et la montagne Nesegone à l’horizon. Un cadre idyllique, où Katrin puise son inspiration et fabrique ses meubles qui portent souvent le nom des éléments qui l’entourent. Une nature omniprésente, nécessaire et propice à la création mais aussi à la détente.

Rigoureuse à l’extérieur, l’architecture d’intérieure se fait d’une extrême sobriété tout comme la décoration. Dans les pièces du 1er étage, où elle vit avec ses deux filles, la créatrice a joué le minimalisme sans sacrifier au confort. En conservant certains matériaux d’origine qu’elle a mélangé à de nouveaux nécessaires à la restauration - béton pour le sol- Katrin a su créer des ambiances chaleureuses et sereines à l’image de l’histoire de la bâtisse. Un univers presque monacal qui n’engrange en rien la froideur. Un lieu paisible et authentique, parfait reflet du design de la créatrice connue pour travailler le bois brut, à base de planches de chantiers usagées.

Dans cette grande demeure, les décors ne montrent aucun signe ostentatoire, qu’une grande sobriété vierge de toute couleur et baignée de lumière par de grandes fenêtres. Des pièces lumineuses habillées des meubles en bois usagé de Katrin qui leur procurent une ambiance particulièrement douce.

Ainsi, dès le corridor, Katrin marque son empreinte avec des bancs et une bibliothèque en bois érodé et peints en blanc. Aménagé comme une pièce à vivre, il domine la cime des arbres et offre une sublime vue sur la nature alentour depuis sa grande fenêtre en arcade.

Dans sa chambre, Katrin a choisi de conserver les dalles d’origine qui tapissent le sol et les a repeintes en gris clair. Une chambre au sol présentant des imperfections faisant écho à une armoire réalisée à partir de planches de bois récupérées et recouvertes de peinture… blanche.

La cuisine elle, arbore un sol en béton lissé. Meublée avec simplicité, elle n’en est pas moins ultra fonctionnelle avec un plan de travail réalisé en béton et des étagères maçonnées de différentes hauteurs pour rythmer le décor. Là encore, Katrin a exprimé son art de la création en convertissant un volet ancien en porte de placard.

Comme la cuisine, la salle à manger est une réplique de limpidité. Toute blanche, elle est meublée d’une table en pin "Alto Piano" et d’un meuble de Katrin qui révèle son esprit créatif à travers un buffet construit à partir de planche de pin de récupération ayant pour fermoir un tuteur pour les pieds de vigne en châtaignier et sur lequel elle a exposé les verreries héritées de sa grand-mère et les plats en terre cuites rapportés de ses voyages. Des objets de voyage qui l’inspirent aussi, comme cette caisse de transport du Sri Lanka qu’elle a transformée en petite armoire.

Dans le salon pas d’étagère, ni de bibliothèque qui perturberaient cette sobriété. Suite logique de cette fluidité ambiante, le salon a pour tout décor un fauteuil inspiré des modèles sud-américains et une cheminée sur laquelle repose un miroir de barbier. Juste au-dessus, Katrin a accroché des ex-voto chinés en Italie et lors de ses voyages.

Quant à sa chambre, Katrin a souhaité conserver l’esprit monacal de l’ancien couvent et l’a simplement meublée. Sa touche créative s’affiche à travers une tête de lit composée de deux planches de bois posées de biais contre le mur et d’une armoire fabriquée en planches récupérées dans une ferme alentour. Des planches assemblées telles quelles sans aucun ponçage ni rabotage pour un rendu rustique et authentique. Devenus trop étroits pour abriter les créations de la créatrice, le rez-de-chaussée et le grenier sont aujourd’hui devenus d’immenses aires de jeu pour les enfants tout la rivière où le se baigne l’été et le jardin où Katrin aime se retrouver entre amis autour d’une table de sa création dès les beaux jours.

De ce lieu plutôt insolite, Katrin a su en faire une maison lumineuse, chaleureuse en orchestrant une décoration épurée sans austérité où règne la sérénité.

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Un corridor comme une pièce à vivre

Philippe Garcia
Situé au premier étage, le corridor dessert la cuisine, le salon et les chambres. Katrin l’a entièrement peint en blanc et l’a aménagé comme une pièce à vivre. Devant la grande fenêtre en arcade qui l’illumine, la banquette "Von Gustave" porte le nom du menuisier qui l’a fabriquée et a découpé grossièrement son dossier à la scie à bois, lui donnant un côté usé par le temps. Devant, à droite, "Gustavino" est une réplique version XS. Enfin, à gauche, l’étagère "Nesegone" porte le nom de la montagne que l’on peut admirer depuis la cuisine. Devant la banquette, la table d’appoint a été réalisée à partir d’une ancienne porte de cave transformée en plateau rond posé sur des pieds en métal en forme de clous.
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Un couloir lumineux et épuré

Philippe Garcia
Depuis le corridor on accède à la chambre de Katrin. Dans cette pièce Katrin a souhaité conserver des éléments d’origines comme les dalles qui tapissent le sol qu’elle a repeint en gris clair. L’armoire a été fabriquée à partir de planches de bois de récupération - matériau qu’affectionne particulièrement la créatrice - et peintes en blanc pour créer un univers d’une extrême sérénité. Dans l’entrée, sur le banc "Gustavino", une couverture en coton encore inachevée tricotée par Katrin. Juste au dessus, accroché au mur, un tableau représentant la rivière Adda qui selon la créatrice "ressemble étrangement à l’arrière-plan de La Joconde de Leonard de Vinci". Si la nature est omniprésente dans les créations de Katrin, l’esprit de Leonard de Vinci qui aurait habité ces lieux plane encore aujourd’hui.
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Une cuisine simple et fonctionnelle

Philippe Garcia
Dans cette cuisine, on retrouve la passion de Katrin pour les matières brutes avec un sol et un plan de travail réalisés par l'Atelier du béton, des étagères maçonnées de différentes hauteurs pour rythmer la simplicité de l’ouvrage et un égouttoir fabriqué en lames de bois posé sur le timbre d’office et un vieux volet métamorphosé en porte de placard. C’est ici, dans ce lieu simple mais convivial que Katrin retrouve le plus souvent ses filles autour de la table en pin "Alto Piano" entourée de chaises "Fourmi" de la série 7 d’Arne Jacobsen.
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Une salle à manger où chaque objet à une âme

Philippe Garcia

Spécialisée dans la réalisation de meubles en bois au design brut, Katrin sait donner une âme au moindre morceau de bois marqué par le temps. Dans sa salle à manger, elle a imaginé le buffet « Ara Pacis », du nom du célèbre autel de la paix, réalisé en l’an 9 avant J.-C. pour l’empereur Auguste. Il est fabriqué en planches de pin de récupération et son fermoir n’est autre qu’un tuteur en châtaignier pour les pieds de vigne. Dessus, elle y expose la collection de verreries héritée de sa grand-mère et des plats en terre cuite rapportés d’Espagne, du Maroc et d’Amériques du Sud. A côté, Katrin est intervenu sur la transformation d’une caisse de transport du Sri Lanka, aujourd’hui devenue armoire.

Un mélange hétéroclite d’objets éclairé par une simple ampoule, suspension en provenance du marché aux poissons de Palerme.

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Un salon à la fois simple et dépareillé

Philippe Garcia

Grande voyageuse, Katrin a mixé des objets souvenirs en provenance du monde entier. Ainsi, elle a accroché au mur juste au-dessus de la cheminée des ex-voto d’Italie et d’ailleurs chinés lors de ses voyages. Dessous, posé sur le manteau de la cheminée, le miroir de barbier, lui aussi chiné, reflète la blancheur ambiante de la pièce. Katrin a encore marqué son empreinte avec ce fauteuil en lattes de bois orné "O sole moi" inspiré des modèles sud-américains qui a comme coussin un sac de farine rempli de… farine. A côté, le pouf en paille garni de papier journaux est un souvenir d’un voyage au Maroc. Ici, pas d’étagère qui viendrait perturber cette atmosphère particulièrement épurée. C’est pourquoi les magazines sont posés à même le sol.

C'est donc dans une atmosphère apaisante pour l'esprit et le regard que l'on vient se ressourcer ou tout simplement lire devant la cheminée.

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Une chambre au caractère monacal

Philippe Garcia
Dans sa chambre, Katrin a voulu conserver l’esprit monacal de l’ancien couvent. C’est avec une évidence qu’elle l’a meublée simplement avec une tête de lit composée de deux planches de bois posées en biais contre le mur et posées à même le sol, une armoire "Rivo" faite de planches récupérées dans une ferme alentour et assemblées en l’état, sans rabotage ni ponçage. Sur le côté, un arbre de pluie souvenir du Mexique et dans le renfoncement de la fenêtre, un petit banc pour poser ses souliers.
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Une vie en communion avec la nature

Philippe Garcia
A la vue de ce paysage, qui pourrait croire que cette bâtisse est à seulement 40 minutes de Milan. Cette proximité de la ville sans son agitation a aussi enchanté la créatrice, qui dès que les beaux jours arrivent profite de son jardin qu’elle laisse s’exprimer en tondant le moins souvent l’herbe. Une nature vivante où elle se baigne dans la rivière Adda l’été et retrouve ses amis et ses filles autour d’une table à tréteaux en planches de chantier fabriquée pour une fête pour de longs repas.
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