Lorsque Marine, décoratrice d’intérieur et acheteuse de mobilier américain design des années 50/60,  et son mari, acheteur d’œuvres d’art de cette même période, visitent cette maison, ils tombent immédiatement sous le charme même si cette dernière ne présente pas tous les critères pour abriter une vie familiale confortable. Datant des années 60, les pièces sont exigües et peu lumineuses. Malgré ces désagréments, le couple devine son potentiel et l’achète. Leur idée : lui apporter une touche de modernité en agrandissant les volumes et baigner de lumière les futures pièces qui accueilleraient leurs collections de mobilier, de tableaux et de sculptures des années 50 qu’ils affectionnent particulièrement.

Dès l’acquisition, les travaux commencent. Certains murs sont abattus pour augmenter les espaces, les anciennes fenêtres à petits carreaux sont remplacées par de grandes ouvertures et l’ancien carrelage noir et blanc disparaît au profit d’un parquet peint en blanc pour apporter la luminosité qui manque cruellement. Après 12 mois de rénovation, la maison de 3 étages est prête à accueillir Marine, son mari et leurs deux petites filles. Chaque étage est dédié aux différents moments de la vie familiale avec les pièces à vivre au rez-de-chaussée, les chambres au second, une salle de jeu et une chambre d’amis au dernier étage.

Au rez-de-chaussée totalement recomposé, différents espaces s’organisent. Tous ouverts, chacun se distingue par une couleur que Marine a choisi pour créer des contrastes visuels, marquer l’architecture, valoriser et mettre en scène les œuvres et les différentes pièces de mobilier. Ainsi, les tableaux s’exposent sur des murs peints aux tonalités soutenues qui mettent en valeur chacun de leurs détails.

L’entrée, totalement revisitée, se veut accueillante avec de grandes ouvertures. Entièrement peinte en bleu et ponctuée d’un grand miroir en forme d’arbre et d’un fauteuil « Tulip Chair » d’Estelle et Erwin Lavern, elle évoque le ciel et la nature et se fait un lieu de transition tout en douceur entre l’extérieur et l’intérieur. Elle répond à la cuisine, en partie ouverte sur le salon, et peinte en bleu foncé pour mieux mettre en valeur les reliefs du tableau de James Guitet, les luminaires de George Nelson et le mobilier signé Jacobsen qu’elle accueille.

Entre les deux, le salon blanc et lumineux avec vue sur le jardin et ponctué de luminaires signés Serge Mouille, se divise en deux parties pour plusieurs scènes de vie. Un espace est dédié à la réception, un second est consacré  à la lecture. Ce dernier, Marine l’a imaginé comme une galerie d’art avec une sculpture centrale, des plus petites exposées dans une niche et sur un meuble de sa création, des fauteuils en plexi transparent d’Estelle et Erwin Laverne, 1er designers américains des années 60 à réaliser du mobilier en plexiglas, et sur le mur peint en noir, un magnifique tableau d’Arnal François.

Parce que Marine aime les matières et les formes géométriques, elle les a dispatchées sous différents aspects  dans chaque pièce ; le carrelage dans l’entée, le tapis dans salon ou encore le papier peint de la cage d’escalier.

Ennoblie par un tableau de Sydney Gordin, une coiffe d’indien et une suspension de Constance Guisset, la cage d’escalier a été traitée comme une pièce à part entière. Entièrement habillée d’un papier peint graphique, elle mène aux chambres des enfants et des parents. Dans ces pièces, le mobilier des années 50 est encore présent mais dans des décors aux styles totalement opposés. Pour les chambres de ses filles, Marine a choisi des lits en rotin, très féminins, auxquels elle a mixé des commodes 50 repeintes et des accessoires en couleurs. Baignées de lumières, les chambres distillent une atmosphère fraîche et gaie ponctuée de tapis marocains en laine qui réchauffent l’ensemble. Pour sa chambre, Marine a souhaité une toute autre ambiance, plus feutrée, avec une décoration aux notes luxueuses et aux couleurs chaudes. Les murs habillés de papier peint japonais marron avec incrustations de fils dorés et argentés servent d’écrin à des tables de chevet couleur bronze et des commodes d’Edward Wormley, grand décorateur et designer américain des années 50. 

En mixant leurs collections respectives au cœur des différentes pièces, Marine et son mari ont su créer une harmonie entre les tableaux, les sculptures et le mobilier design emblématiques et faire de cette maison aux volumes réinventés, un lieu parfaitement adapté à la vie familiale.

Pour voir les réalisations de la décoratrice Marine Garnier, www.ludlowinterior.com