Du classique, de l’excentrique, du radical : sur le papier, le projet de Monika et Pierre, deux passionnés d’architecture et de design, ressemblait surtout à une cause perdue… Après avoir visité quantité de locaux en tous genres, ils ont finalement fixé leur choix sur d’anciens bureaux au potentiel XXL.
Situés en plein centre de Bordeaux, ils avaient été aménagés dans un ancien appartement XIXe siècle que le couple espérait bien ressusciter sous la houlette de l’architecte d’intérieur Daphné Serrado. Bien malin qui aurait pu soupçonner que derrière les faux plafonds et les vilaines chapes se cachaient de somptueuses moulures, corniches et parquet en point de Hongrie ! “Il a fallu le mettre à nu entièrement”, explique l’architecte. Et certaines parties ont même dû être reproduites à l’identique, ayant disparu ou étant trop endommagées comme les lambris de la salle à manger.
Outre cette restauration minutieuse, l’autre transformation fut la redistribution des volumes et des pièces, comme la création d’une cuisine qui n’existait plus dans la configuration “bureaux”. Le seul emplacement possible ? Une petite pièce d’angle “en queue de billard” attenante à la salle à manger. Malgré cela, Daphné Serrado a pensé et dessiné la cuisine sur mesure avec l’idée de masquer au maximum l’asymétrie de la pièce en créant deux façades de placards parfaitement parallèles et en installant un immense plan de travail ! Tant qu’à avoir de la place, autant en profiter. La chambre parentale – et sa pièce d’eau – a été créée en lieu et place de trois bureaux. L’emploi de matériaux luxueux – bois et Corian notamment – et une attention particulière portée à la couleur témoignent d’une volonté de penser cet appartement du plafond jusqu’aux plinthes !
Daphné Serrano a tout fait pour mettre en valeur les goûts éclectiques et cultivés des maîtres des lieux. Elle a même poussé Pierre et Monika à partir en week-end sur l’île de Murano pour choisir un lustre de la même teinte que les murs de leur salon… “Il fallait qu’ils aient le sentiment que ce projet était pour eux et pour personne d'autre pour pouvoir s'y sentir bien."
Par Christine Pirot Hébras