En visitant le duplex de Rory Dobner dans le quartier d’Hampstead à Londres, on est presque déçu de ne pas tomber nez à nez avec un lapin pressé ou de trouver un loir dans une théière… Dans cet appartement en rez-de-chaussée prolongé par un sous-sol typiquement londonien, vit l’un des illustrateurs anglais les plus extravagants de son temps. Si ce diplômé de la Saint Martins School of Arts & Design, couronné artiste de l’année en 1998, travaille dans une véranda moderne installée dans la cour-jardin et ouverte sur le ciel, là où il vit, il a banni toute trace de modernité pour s’entourer d’antiquités chinées et de tables noires de style. Il faut dire que l’homme est un sentimental ; amoureux de son pays, de l’époque victorienne et des voyages dont il ramène toujours des souvenirs plus ou moins encombrants. Sa table de cuisine qui le suit dans tous ses déménagements ? Un coup de cœur dans une ferme de Nouvelle-Zélande qui est rentrée à Londres avec lui…
Et si son imagination semble sans limite, il est un sujet avec lequel Rory ne plaisante pas, ce sont ses innombrables collections de gravures, de carreaux ou encore d’assiettes qu’il accumule pour mieux les regrouper par famille et par couleur. Alors que son exubérance prête à sourire, son talent et son amour du détail ont pourtant su séduire les plus grands, de Liberty à Fortnum & Mason. Les natures mortes insolites, pour certaines composées d’animaux naturalisés, disposées sur les tables ou accrochées aux murs, témoignent elles aussi du style si personnel et de la poésie de Rory Dobner. “Je donne à mes portraits d’animaux des expressions d’humains, comme mon chat au monocle que j’affectionne particulièrement”, s’amuse-t-il, veillant à ce que ses délires inspirés par Lewis Caroll créent comme un fil conducteur, en noir et blanc, d’une pièce à l’autre de son micro-duplex.
Par Catherine Cornille