Le vénérable baron Haussmann aimait-il le turquoise ? On ne le saura jamais, mais on se plaît à l’imaginer prendre le thé chez Delphine Estour, et rouler des yeux en voyant comment son appartement emblématique s’est transformé en une bonbonnière géante et pleine de fantaisie. “L’atmosphère classique peut vite être écrasante. J’ai préféré aller à contre-courant”, sourit Delphine. Architecte d’intérieur, elle est venue s’installer à Paris avec son mari et ses quatre enfants il y a deux ans. “J’arrivais de Valence où je vivais dans un appartement mansardé. Ici, nous avons 3 mètres 20 sous plafond et d’immenses fenêtres. J’ai craqué sur les volumes, et je me suis amusée ! Je voulais dédramatiser, d’autant que le salon est plein nord. Il fallait impérativement une note de gaieté.” Et en effet, dans cet immeuble cossu qui tranche avec l’ambiance bohème du canal Saint-Martin, dans l’Est parisien, elle a joyeusement bousculé les codes.
Avec le turquoise pour fil conducteur, donc, autant sur les encadrements de portes, que dans les chambres et les salles de bains de ce vaste appartement de 200 mètres carrés. “J’aime beaucoup cette teinte, elle ne se démode pas trop vite et permet de travailler les camaïeux.” Elle a habillé les murs de multiples papiers peints floraux, dépareillés – “un total look aurait été trop conventionnel”. Le mélange des genres ne se limite pas aux murs : du mobilier fifties aux lignes épurées côtoie des fauteuils de style en velours, des pièces ultra-classiques voisinent avec des oeuvres contemporaines. Des détails pop et flashy se glissent de-ci de-là. Un grain de folie enthousiasmant.