Grand ouvert. Tel est l’appartement de Pierre Frey. Un parfait reflet de sa façon d’être et d’échanger. La communication est justement son terrain de jeu au sein de la maison fondée par son grand-père – il porte son prénom – et dirigée par son père Patrick Frey. Et par chance, pour aller travailler, il ne sort pas de l’immeuble acquis par son aïeul, au coeur du 2e arrondissement parisien, qui abrite le show-room et les bureaux, et dont il occupe le dernier étage. Quand il était célibataire, c’était un simple 60 mètres carrés. “Et si on allait voir au grenier ?” Personne n’y avait mis les pieds depuis soixante ans. Après une importante rénovation menée avec l’architecte Marika Dru (atelier MKD), voici un espace de 140 mètres carrés où il vit avec son épouse, Émilie, et leur fils Georges. “Nous avons cassé tous les volumes, la plupart des murs et recomposé toute la distribution des espaces”, explique-t-il. La circulation est fluide et toute en longueur ; la verrière dans la toiture ouvre l’horizon. “La lumière, c’est la force de notre appartement, elle le traverse de toutes parts.” Le ton est donné dès l’entrée, ouverte sur la cuisine. C’est le point de ralliement de la maison.
Dans chaque pièce se côtoient des souvenirs, objets d’ici et d’ailleurs, et des pièces de mobilier qui racontent leur histoire, dans un mélange de décontraction et de convivialité, comme dans un atelier d’artiste. “J’ai vécu et travaillé plusieurs années à New York, cela m’a influencé dans ma façon de vivre”, dit Pierre. Cette impression très new-yorkaise se retrouve dans son mode de travail, dans sa capacité à faire naître des collaborations inattendues. Fan de musique et de street art, Pierre Frey a invité le graffeur américain Toxic pour la dernière collection de la maison, Eighty/Thirty. Après les imprimés de l’actrice Louise Bourgoin, après le tissu “Portor” du designer et artiste Mathias Kiss, Pierre sourit aux surprises des prochains mois : une future collaboration avec Ines de la Fressange, une grande exposition au musée des Arts décoratifs à Paris à partir du 20 janvier, et pas moins de sept nouvelles collections, en janvier 2016 également. Et entre deux rendez-vous, cet esthète qui aime aussi s’amuser cherche un moment pour son envie de l’hiver : se confectionner une veste et un gilet. Avec un tissu Pierre Frey, évidemment.
Par Sylvie Thébault