C’est au coeur de Trieste, la plus austro-hongroise des villes italiennes, que Paola Navone a redessiné dans un camaïeu de gris le pied-à-terre d’un enfant du pays, Claudio Mayer, installé en Chine depuis 30 ans mais resté attaché à sa terre natale. Pour lui, Trieste occupe une place particulière et dégage un parfum de nostalgie qu’il retrouve avec plaisir en rentrant “à la maison”. Comme un clin d’oeil du hasard, son port d’attache italien, situé au dernier étage d’un immeuble 1600 du quartier de Cavana, porte un nom prédestiné : “la Casa Mayer”. En confiant le chantier à Paola Navone, Claudio Mayer lui a laissé carte blanche. Un an de travaux a été nécessaire pour transformer ce 90 m2 imaginé comme un cocon masculin, sans pour autant renoncer à la “patte” fantasque qui caractérise le travail de la scénographe et designer. Du mobilier qu’elle a dessiné pour Gervasoni, Poliform ou Lando aux coussins en imprimés wax en passant par l’escadron de pingouins qui illumine la salle de bains, derrière le classicisme apparent se cachent moult détails excentriques, semés de pièce en pièce comme un jeu de piste design qui fait de cette “Casa Mayer” une “Casa” un peu “Navone” aussi…
Par Daniel Rozensztroch, Texte Carine Keyvan