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C’est quoi une réglementation thermique ?

Antti Hahl

Derrière la RT2012 se cache une idée simple : consommer moins d’énergies domestiques. Il s’agit là de toutes les formes d’énergies primaires utilisées pour rendre un bâtiment habitable (chauffage de l’air, de l’eau, ventilation….).  Cette préoccupation est une conséquence de la raréfaction des énergies naturelles et la toute première réglementation date d’ailleurs de 1977, dans la foulée des premiers chocs pétroliers.

Jusqu’alors, chauffer un logement coûtait bien moins cher que de l’isoler, mais l’augmentation progressive du prix des énergies aura finalement inversé cette équation. Et plus les factures de gaz, de fioul ou d’électricité ont augmenté, plus les normes constructives ont élevé leur niveau d’exigence. Marche après marche, les normes successives de 1977, 1982, 1988, 2000 et 2005  ont amélioré de 15% en moyenne le niveau de performances des nouveaux bâtiments construits en France. Mais les précédentes normes ne visaient toutefois pas de chiffre précis, elles imposaient surtout des moyens de mises en œuvre à respecter à grand renfort de labels et de certificats. Si bien qu’avant l’application de la RT 2012, les nouvelles constructions consommaient autour de 150 à 200 kW/m2/an en énergies primaires. Un seuil balayé par la nouvelle réglementation qui impose désormais de ne pas dépasser 50kW/m2/an en moyenne- ce chiffre variant légèrement d’une région à l’autre du territoire-. Un niveau de performance strictement calqué sur celui du label Basse Consommation.

Mais contrairement aux précédentes, versions, la nouvelle RT laisse une complète liberté des moyens mis en œuvre pour parvenir à un tel score. Isolation, ventilation, perméabilité, équipements de chauffage, il s’agit pour les constructeurs, architectes et maîtres d’ouvrage de  décider des solutions les plus pertinentes pour assurer la performance du bâtiment. Cette obligation de résultat oblige les professionnels à se tourner de plus en plus vers des méthodes de constructions durables, telle que l’utilisation des énergies renouvelables par exemple.

Qu’est ce qui va changer dans nos logements ?

Si on estime que le coût de construction devrait augmenter d’environ 10%, cette nouvelle règlementation thermique reste une vraie bonne nouvelle. D’abord parce que c’est la valeur de nos logements qui y gagne et qu’un tel effort financier se traduit directement en plus-value patrimoniale. Mais surtout parce que nous allons gagner en confort et diviser nos factures de chauffage par quatre, ce qui rentabilisera cet investissement. Enfin la RT 2012 est une bonne nouvelle pour la planète dont nous épuiserons moins vite les ressources.  Et ce n’est pas fini car déjà, l’horizon d’une prochaine RT encore plus exigeante en performances se profile en 2020.

Alors comment atteindre le nouveau niveau de performance dores-et-déjà exigé par la RT2012 ? L’objectif impose de jouer sur plusieurs tableaux dont voici les principales pistes :

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L’architecture

Antti Hahl

A plusieurs titres, les grands principes de l’architecture bioclimatique permettent de mieux maîtriser les besoins énergétiques d’un bâtiment. D’autant qu’outre les économies de chauffage, de telles précautions permettront également d’améliorer le confort d’été en favorisant la fraîcheur intérieure à la saison chaude.

Il s’agit d’abord de l’orienter pour tirer le meilleur profit possible de son exposition solaire. Et à l’intérieur aussi, il convient de privilégier une disposition des pièces à vivre au sud, des chambres à l’est et d’aménager des zones tampons au nord (garage, toilettes…).

Par ailleurs, la forme du bâti et les volumes intérieurs ont beaucoup d’importance. Ainsi, des hauteurs sous plafond trop conséquentes auront un impact sur la puissance de chauffe de la maison. Au contraire, un toit qui déborde légèrement de la façade permettra de se protéger du soleil zénithal en été sans se priver de l’apport solaire en hiver. D’ailleurs l’architecture bioclimatique préconise de favoriser largement l’éclairage naturel en équipant les façades de vitres à hauteur  d’au moins un sixième de la surface habitable.

Enfin, les performances d’un logement sont également conditionnées par son apparence, depuis la couleur de ses revêtements extérieurs qui captent plus ou moins la chaleur jusqu’au nombre de fenêtres et ouvertures, en passant par les solutions de bardage, aucun style n’est plus efficace qu’un autre mais tous imposent des précautions spécifiques de construction.

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Les matériaux de construction

Antti Hahl

La nouvelle réglementation n’impose aucun matériau en particulier car ce sont surtout leurs conditions de mise en œuvre qui permettront  d’améliorer les performances d’un bâtiment. En effet à épaisseurs égales, les principaux matériaux de constructions ont à peu près les mêmes propriétés thermiques, excepté le béton cellulaire qui affiche de bonnes performances, mais coûte aussi plus cher.

Néanmoins, qu’elle soit en brique, en parpaing ou en bois, si une ossature joue très peu sur l’efficacité énergétique, elle impliquera ensuite  certaines techniques d’isolations plus ou moins pertinentes.

En revanche, tous ces matériaux ne présentent pas les mêmes qualités d’inertie, c’est-à-dire, la même capacité à accumuler puis à restituer chaleur ou fraîcheur. Cette propriété impacte l’efficacité énergétique du bâti mais surtout son confort en intérieur en atténuant les écarts de température selon les moments de la journée. D’une manière générale, plus le matériau est lourd, plus son inertie sera grande. C’est pourquoi il est conseillé de compenser une ossature légère, en bois par exemple, par l’emploi d’une cloison intérieure minérale ou d’une dalle épaisse au sol.

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Les matériaux d’isolation

Antti Hahl

C’est le nerf de la guerre en matière de performance énergétique. Par le toit, les murs et le sol, il s’agit de maîtriser les déperditions de chaleur dans toute l’enveloppe d’un bâtiment. Mais là encore, si la nouvelle réglementation thermique a augmenté d’un cran les attentes en la matière, elle ne préconise aucune solution plutôt qu’une autre.

Quelle méthode utilisée pour bien isoler ?

Si la méthode la plus efficace est l’isolation extérieure (qui permet de lutter contre les ponts thermiques en traitant d’un même geste façades et toit), elle coûte toutefois un peu plus cher à mettre en œuvre et ne se prête pas facilement à toutes les architectures. Une isolation classique intérieure, si elle est exécutée avec soin, permet encore d’obtenir des résultats satisfaisants.

Quels sont les matériaux ?

Aujourd’hui, les laines de verre ou de roche restent les plus fréquemment utilisées. Mais elles sont loin d’être les seuls matériaux disponibles sur le marché. De plus en plus, les isolants bio-sourcés (laine animale, ouate de cellulose, fibres de bois, paille, lin ou chanvre) sont mis en avant pour leurs qualités naturelles, même s’ils coûtent encore légèrement plus cher (environ 10%) que les isolants d’origine minérale. Enfin les isolants minces, composés d’un assemblage de plusieurs couches d’aluminium ou de plastique aluminé, sont moins écologiques, mais leur faible épaisseur peut s’avérer particulièrement judicieuse.

Quelle épaisseur conseillée pour une bonne isolation ?

Pour obtenir le niveau BBC, il est préconisé de respecter certains niveaux de résistance thermique (R). Il s’agit du degré d’isolation à mettre en œuvre  aux différents coins du bâtiment. Pour le toit, cette résistance au moins égaler 5 m2.K/W, et 2,8m2/K/W pour les murs (fenêtres comprises) et pour le sol.

Chaque matériau d’isolation présente un coefficient de résistance thermique (lambda). Pour déterminer en mm l’épaisseur à mettre en œuvre, il suffit de multiplier ce coefficient par le degré de résistance escompté (épaisseur= λxR).  Quant aux menuiseries, il faut veiller à choisir des modèles adaptés aux normes en vigueur, en les équipant d’un double ou même d’un triple vitrage.

Enfin, quel que soit l’isolant choisi, il convient de surveiller l’imperméabilité du bâtiment. Partout où l’air est susceptible de s’infiltrer (évacuations de plomberies,  raccords électriques,  hottes et cheminées), il est recommandé de soigner la mise en œuvre en utilisant par exemple des trappes ou des membranes d’étanchéité.

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Les équipements

Antti Hahl

Autre critère essentiel, la performance des équipements utilisés pour rendre un bâtiment confortable se répercute directement sur l’efficacité énergétique de ce dernier. Pour le chauffage de l’air comme pour celui de l’eau sanitaire, il convient donc de choisir des installations au rendement le moins énergivore possible. Les fabricants ont fait beaucoup d’efforts pour améliorer la technologie de leurs appareils. Les chaudières gaz à condensations, les chauffe-eau thermodynamiques ou les poêles à bois modernes consomment aujourd’hui bien moins d’énergie que les modèles d’autrefois. Même s’ils coûtent plus cher à l’achat, ces équipements sont rentabilisés à l’usage en diminuant les factures d’énergie primaires.

Mais une autre solution encore plus radicale consiste à recourir à des équipements utilisant une énergie renouvelable. Ainsi les panneaux solaires thermiques ou encore les pompes à chaleurs géothermiques permettent de profiter d’une énergie totalement gratuite  tout en augmentant considérablement les performances globales du bâtiment.

Enfin, il faut souligner qu’une construction particulièrement bien isolée ne doit toutefois pas devenir un thermos qui rendrait vite le logement insalubre si l’air n’y circulait pas. Il convient donc d’installer une ventilation à la fois efficace et économe à l’usage, comme une VMC double flux par exemple.

Et après ?

D’abord il faut souligner que la RT2012 est obligatoire et qu’à partir de maintenant, toutes les nouvelles maisons devront respecter le seuil fixé selon leur région de construction (50kW/m2/an en moyenne). En fin de travaux, une attestation de conformité sera désormais délivrée. Si les normes ne sont pas respectées, le propriétaire est responsable et risque jusqu’à 6 mois de prison et 45000 euros d’amende ! Mais il pourra se retourner contre le constructeur si celui-ci n’a pas respecté les termes du contrat.

Les prochaines règlementations thermiques ?

Pour l’instant en France, le calcul du seuil de performance énergétique d’un bâtiment ne tient pas compte de ses consommations annexes, telles que son électroménager, ses équipements électriques ou ses luminaires. Mais cela pourrait changer lors de la prochaine réglementation thermique qui se profile pour 2020.

On parle surtout du franchissement d’un nouveau seuil de performance puisqu’il se pourrait qu’à cette date le niveau de consommation énergétique exigé soit nul ! Il s’agirait alors pour toutes les nouvelles constructions d’être positives en énergie et donc de produire plus d’énergies qu’elles n’en consomment. Une nouvelle révolution aura-t-elle lieu dans nos maisons ? Réponse dans 8 ans.

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