1/5

L'Ouzbékistant : un pays hors du temps

vincent leroux/temps machine

Depuis longtemps, les récits des écrivains voyageurs du début du XXe siècle me transportent. Alexandra David-Neel, évidemment, mais aussi Colin Thubron, Ella Maillart, Nicolas Bouvier…”. Aujourd’hui, Agnès dessine les contours de sa propre épopée, de l’Inde au Vietnam, du Mexique et à l’Asie centrale, à la recherche de nouvelles influences pour les collections d’art de vivre de la maison familiale Fragonard qu’elle dirige. C’est la légendaire route de la soie qui l’a conduite en Ouzbékistan : les caravanes arrivant de l’Orient, avec leurs précieux convois d’épices, de corail, de fourrures, de pierreries, de céramiques et de fabuleux textiles, faisaient étape aux portes du désert dans l’empire de Tamerlan peuplé de chevaux célestes et ponctué de cités à l’architecture – palais, mosquées et madrassas – parée de céramiques aux décors turquoise et aujourd’hui classée au patrimoine de l’Unesco. Dans ce pays encore peu fréquenté des touristes, la course du temps semble vraiment suspendue. Soixante-dix ans de soviétisme auxquels a succédé un régime autoritaire toujours actuel sont sans doute responsables de cet immobilisme apparent autant que de
l’authenticité préservée. Et même si quelques marchands proposent des produits importés facilement identifiables, l’artisanat séculaire y est encore entretenu selon les traditions régionales. Agnès y trouve d’inépuisables ressources : les suzanis de Tachkent, Boukhara et Samarcande aux motifs appliqués, les poteries émaillées de bleu et vert aux couleurs ouzbeks et les sublimes ikats en velours de soie qu’on ne trouve que dans la vallée de Ferghana, les tapis, les yourtes et les poupées de feutre des nomades du Kirghistan voisin, et aussi les fameuses théières en porcelaine décorées de motifs d’arabesques, de fleurs et d’ikat que son amie peintre Daïma chine pour elle. De ce pays, autrefois décrit comme “le verger du bloc soviétique”, Agnès apprécie la clémence du climat, l’opulence artisanale et historique, et un sincère sens de l’hospitalité. Sur les marchés, elle s’émerveille des poinçons qui servent à décorer les pains plats cuits dans des fours de terre, s’amuse des sourires aux dents d’or des maraîchères et s’arrête pour regarder des hommes jouant aux échecs sur les bas-côtés des rues. “J’y retrouve l’atmosphère des lectures qui m’ont donné envie de voyager”. Et s’emplit les yeux et l’esprit d’images de ce pays encore un peu secret.

Par Anne Desnos-Bré

2/5

Où dormir en Ouzbékistan ?

vincent leroux

À TACHKENT


Lotte Tachkent Palace

Un gros hôtel international récemment restauré dont les chambres très confortables au décor classique assurent un réel repos, après un long vol depuis la France.

Chambres à partir de 150 $.

56, Buyuk Turon. Tél. : +998 71 120 58 00.

www.lottehotel.com/city/tashkentpalace


Hôtel Uzbekistan

Cet hôtel monumental est un formidable exemple de l’architecture soviétique. Un peu défraîchi, il correspond aux “canons” de l’hôtellerie internationale des années 1970, mais présente l’avantage
d’être bien situé et bon marché.

Chambres à partir de 100 $.

45, Musakhanova. Tél. : +998 71 113 11 11.

www.hoteluzbekistan.uz


À KHIVA


Hôtel Madrassa Orient Star Khiva

À l’entrée de l’enceinte fortifiée de la vieille ville de Khiva, cette ancienne école coranique du XIXe siècle transformée en hôtel offre un confort rudimentaire mais totalement dépaysant. On y dort dans d’anciennes cellules où séjournaient encore les étudiants au début du XXe siècle.

Chambre simple à partir de 50 $.

1, P. Makhmud. Tél. : + 998 62 375 49 45/68 59.

email : orientstarkhiva@rambler.ru


À SAMARCANDE


Hôtel Légende

Cette ancienne demeure vieille de près de deux siècles, dans l’ancien quartier juif de Samarcande a été reconvertie en maison d’hôtes. On y séjourne dans des chambres tapissées de suzanis et on y prend ses repas dans la cour ombragée par un mûrier séculaire où sont exposées des collections d’artisanat et d’objets usuels. L’occasion de partager ses impressions avec d’autres voyageurs.

Chambre à partir de 30 $.

48/62 Mirzo Oulougbek. Tél. : + 998 66 233 74 81

www.legendm7.com

3/5

Où manger et prendre un verre en Ouzbékistan ?

vincent leroux

À TACHKENT


Caravan

Ce restaurant réparti sur plusieurs bâtiments autour d’une cour et décoré de manière traditionnelle est un peu le repaire de la belle société ouzbek. On y goûte une cuisine traditionnelle de qualité. 22, Abdulla Kakhara. Tél. : +998 71 150 66 06.


Art café Manas

L’endroit se mérite, car il est un peu caché dans une ruelle. Sur place, surprise : trois yourtes traditionnelles kirghizes, beaucoup d’ambiance et la découverte de la cuisine d’Asie centrale comble
les plus solides appétits.

12, rue Shota Rustaveli. Tél. : +998 71 152 38 11.

Shar-Shara

Idéal pour se rafraîchir quand l’air est au plus chaud, ce restaurant est une sorte de guinguette au bord d’une cascade. Les amateurs de viande se réjouiront des célèbres brochettes shahlik, les autres profiteront des salades extra-fraîches.

10, bobojonava. Tél. : +998 (71) 144 58 35


Bazar de Chorsu

Sous les arcades face au dôme du marché de Chorsu, on se régale des meilleurs samsy de Tachkent, ces chaussons de pâte brisée farcis de viande d’agneau, de pommes de terre ou de potiron
cuits au feu de bois dans des fours en terre, accompagnés de thé brûlant.


À KHIVA


Khorezm Art

À l’entrée de la medersa Allakuli Khan, ce restaurant où l’atmosphère est particulièrement chaleureuse le soir, propose une cuisine traditionnelle. On y apprécie surtout les plats à base de légumes, la soupe et les raviolis de potiron délicieusement sucrés.

Madrasa Allakuli Khan, Tél. : +998 956069270.


Tea house Bir Gumbaz

Pour se réchauffer d’une soupe ou de pâtes le soir en arrivant dans la forteresse de Khiva, ou déjeuner au soleil en journée, une adresse sympathique et sans prétention.

Pahlavon Mahmud.

4/5

Où faire du shopping en Ouzbékistan ?

vincent leroux/temps machine

À TACHKENT (voir photo)


Bazar-marché de Chorsu

C’est là qu’Agnès adore chiner des pièces anciennes d’artisanat, suzanis, textiles, vêtements traditionnels richement brodés, et les fameuses théières en porcelaine. D’un côté, les arcades avec
les échoppes des antiquaires et les quincailliers. De l’autre, sous l’imposant dôme, le marché couvert, à l’extérieur, les fruits et légumes des maraîchers. Un spectacle et une mine pour qui a de la place dans sa valise.


Kanyshka

Une adresse secrète de Charlotte Urbain, responsable de la communication de Fragonard qui connaît l’Ouzbékistan comme sa poche. Là, le russo-ouzbek Alexei Manshaev propose vêtements et accessoires en cuir et fourrure qui associe avec décalage des motifs traditionnels à des lignes contemporaines.
67, rue Shota Rustaveli.


Human house

Une autre adresse de Charlotte, où trouver la jeune création textile ouzbek et quelques pièces d’artisanat.

30, rue Shota Rustaveli. Tél. : +998 71 25 44 11


À KHIVA ET À SAMARCANDE


Sur les sites touristiques, des marchandes d’artisanat (principalement textile) déploient leurs étals à l’intérieur des medersas et des palais ou dans les ruelles adjacentes. De belles soieries, attention toutefois aux pièces importées de Chine.

5/5

Où voir une expo en Ouzbékistan ?

vincent leroux/temps machine

À KHIVA (voir photo)
C’est surtout pour la ville ancienne Ichan Kala à l’intérieur des murailles, que l’on se rend à Khiva, où découvrir de nombreuses medersas, la mosquée du vendredi ainsi que les deux somptueux palais édifiés au XIXe siècle pour le khan Alla-Kouli. Il faut se laisser guider par son instinct et se perdre dans les ruelles de cette oasis aux portes du désert, classée au patrimoine de l’Unesco.
Il faut aussi se hisser au-dessus des murailles pour contempler la ville et se promener à pied à l’extérieur de la vieille ville pour profiter de la vue sur les remparts.

À TACHKENT


Musée des arts appliqués

Dans l’ancienne maison d’un diplomate russe du XIXe siècle, ce joli musée rassemble des collections de suzanis, de poteries, de bijoux et d’artisanat d’art. Une sélection de qualité.


15 Rakatboshi ko’chasi

www.artmuseum.uz


Musée des beaux-arts installé dans un bâtiment soviétique possède des collections de peintures et de textiles anciens.

16, rue Movarounahr.


Centre d’artisanat ouzbek installé dans l’ancienne medersa Abdul Khasim derrière le palais de l’Amitié des peu.


À SAMARCANDE


Le Régistan et ses trois medersas, Oulough Beg - Tilla Kori et la medersa Cher-Dor, site classé au patrimoine de l’Unesco (qui restaure progressivement les principaux sites ouzbeks) constitue l’un des trésors architecturaux du pays.


Située sur une colline dominant la ville et offrant une vue sur beaucoup de sites de Samarcande, la nécropole de Chah e Zindeh est impressionnante de majesté, même si certaines restaurations ont un peu trop “nettoyé” les fabuleux décors de céramique.

NEWSLETTER

Intérieurs, inspirations, et conseils de pro, le meilleur de la déco chaque semaine