Vivre au vert. Il en mûrissait le projet depuis longtemps. Rui Pedro Liberato de Sousa a sauté le pas, quitté Lisbonne et son job dans l'immobilier. Plus que d'un simple changement de cadre, c'est d'une "autre vie, sous le signe de la convivialité" dont avaient surtout envie ce quadragénaire volubile et son ami Nuno Ramos. "Nous rêvions d'une "maison hôtelière" où chacun se sente chez soi", confie Rui. Il a finalement jeté son dévolu sur une ferme construite en 1920, dans l'arrière pays de l'Algarve, près de Tavira et ses ruelles anciennes entrelacées. "Même décrépits, les murs avaient de bonnes vibrations..."
Une ancienne ferme réinventée en maison d'hôtes
Restaurée, agrandie et décorée avec la complicité de l'atelier d'architecture Rua, leur Pensao Agricola accueille 12 personnes, pas d'avantage ! "Nous avons préservé la simplicité de la ferme d'origine, conservé ses portes, certains carrelages et mis en valeur sa mémoire" explique Rui, "avec quelques objets - comme les carafes - et des photos trouvées sur place." Avec ses murs blancs et ses meubles en bois naturel, la pension de Rui et de Nuno assume donc son histoire agricole, mais elle est largement "twistée" et revivifiée par la structure en cubes des trois extensions neuves qui abritent près de six jolies chambres toutes différentes aux couleurs pop. Les lampes d'architecte et d'atelier, les plafonds et les sols en ciment brut ou lissé renforcent l'atmosphère subtilement contemporaine de la maison où Nuno, insatiable chineur, a chiné des objets vintage des années 50 et 70 "qui ont une histoire, aussi simple soit-elle", mixant tapis en fibre végétale, fauteuils coque, chaise en Formica, dessins et photos grand format.
Une bâtisse qui a conservé son âme paysanne
Cette ferme en activité encore jusqu'en 1970 à garder son "esprit paysan" avec la présence de ce mobilier authentique, de revêtement brut comme le béton ciré et surtout son ouverture sur la nature environnante, comme ce bel olivier centenaire qui accueille les hôtes à l'entrée de la Pensao Agricola. Dans cette ambiance bucolique et pop, propice aux "moments inoubliables" chers au poète portugais Fernando Pessoa - auteur du "Livre de l'intranquillité" -, impossible de résister à l'appel de la prairie et à une visite, entre les orangers et les amandiers, à l'âne Ernesto.