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Une success story à l'italienne

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Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’Italie est à genoux. Tout est à reconstruire. Fiat, Piaggio, Olivetti, Pirelli: c’est par les grandes firmes industrielles que le design va s’inventer un avenir radieux. Ingénieur chimiste, le Milanais Giulio Castelli imagine comment changer, à son tour, la vie quotidienne des Italiens. Le plastique lui ouvre le champ de tous les possibles. La couleur aussi. “Si les hommes ont peur de la nouveauté, il faut leur fournir de la super-nouveauté”, aimait-il à dire. Ils seront servis. Dès 1949, Kartell va plastiquer les ménages, le ménage. Et plus encore. Du plastique, qui plus est, dessiné par des architectes et des designers prestigieux. Giulio Castelli est décédé le 6 octobre 2006, à l’âge de 86 ans. Bien qu’il eût vendu Kartell en 1988 à Claudio Luti, il en était resté le président honoraire.

Photo : Giulio Castelli dans son bureau

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Des best-sellers à gogo

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Au choix, il y a la “Sedia Universale” de Joe Colombo qui fut, en 1967, la première chaise empilable en plastique, la chaise “Louis Ghost” de Philippe Starck et surtout “I-Componibili”, fameux système modulable d’éléments de rangement cylindriques, imaginé par Anna Castelli Ferrieri en 1967. Exposés au MoMA et à Beaubourg, initialement répertoriés sous le matricule 4970/84, best-sellers et long-runners kartelliens, “I Componibili” célèbrent cette année 2017 leur 50e anniversaire, nonobstant une Precious Collection commercialisée en 2014 avec finitions métallisées.

Photo : L'étagère "Bookworm" de Ron Arad.

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Le Compasso d’Oro

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En Italie, le Compasso d’Oro est au design ce que l’Oscar est au cinéma à Hollywood. Les premiers furent attribués en 1954. L’année suivante, Kartell se verra récompensé pour son seau ménager à couvercle “KS1146”, créé par Gino Colombini. Les Compasso d’Oro distingueront dans la foulée le presse-agrumes “KS1481” (1959), la chaise empilable pour enfant “K1340/4999” de Marco Zanuso et Richard Sapper (1965), le système de rangement “Mobil” d’Antonio Citterio (1994)...?Au total, neuf trophées dûment mérités

Photo : Le presse-agrumes "KS1489", Compasso d'Oro

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Direction artisitique

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Après quelques années passées auprès de l’architecte Franco Albini, Gino Colombini fut engagé, dès 1949, comme directeur technique de Kartell. Fonction triplée de facto par un rôle de designer et de directeur artistique. Mariée avec Giulio Castelli et cofondatrice de Kartell – c’est elle qui en trouva le nom et dessina le logo –, l’architecte Anna Castelli Ferrieri prendra cette même direction artistique en 1976 et jusqu’en 1987, animant intra-muros le fameux Centrokappa, capsule créative où Paola Navone fut des plus actives, et qui fut fermé en 1999. Outre ses propres créations pour Kartell dont le célèbre élément de rangement “Componibili",  et le fauteuil “4814” typique des années Memphis (1988), cette grande figure du design italien, disparue en 2006, aura aussi collaboré avec les plus grands industriels et éditeurs du pays.

Photo : Anna Castelli Ferrieri, cofondatrice de Kartell.

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Les designers stars

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Depuis septembre 2015, c’est l’architecte-designer Ferruccio Laviani qui est en charge de la direction artistique, mais aussi de l’identité corporate et des magasins. Rayon designers, c’est le gotha absolu: Joe Colombo, Gae Aulenti, Achille Castiglioni, Ron Arad, Piero Lissoni... Ébauchée en 1988 avec la chaise “Dr Glob”, la collaboration de Philippe Starck avec Kartell se poursuit avec la chaise “GeneriC” et la table “Sir Gio” pour nouveaux exemples 2017.

Photo : La chaise "Louis Ghost", de Philippe Starck.

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Éprouvette culte

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Au début était l’objet ménager. Dès 1957, il y aura les lampes... En 1958, Kartell mettait un pied dans le médical avec le lancement du département Labware, toujours en activité aujourd’hui et toujours leader, notamment sur le marché des éprouvettes de laboratoire. Le set de dix, conçu en 1959 par Gino Colombini, est toujours produit et présent en catalogue.

Photo : Le set d'éprouvettes imaginé par Gino Colombini.

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Dans le dressing de Kartell

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Sacs de plage, chapeaux : déjà dans les années 60, Kartell touchait aux choses de la mode. Il y aura ensuite les contributions griffées Valentino, Chantal Thomass, Jean Paul Gaultier, Moschino, Lacroix. Depuis 2009, les chaussures Kartell se tiennent droit dans leur bottes “Sofia”, signées Normaluisa. Nouveautés de ce printemps-été 2017: les cabas tropicaux de la brésilo-milanaise Paula Cademartori...

Photo : Le sac à main "Grace K", dessiné, par Georgina Zappieri.

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Des jouets et des Barbies Kartell

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Dès la fin des années 50, Kartell produisait jeux et jouets pour enfants: trains à tirer, casse-tête, miniatures promotionnelles pour Noël. En 2009, à l’occasion des 50 ans de l’ultra-plastique Barbie, Kartell s’alliait à Mattel pour meubler (en partie) la Dreamhouse de la célèbre poupée. Présentées au Salon du meuble de Milan, ces miniatures – chaise “Louis Ghost”, lampe “Bourgie”, table basse “TopTop” –, seront vendues aux enchères par Sotheby’s, à Florence, au profit de l’association caritative Save the children.

Photo :  Meubles Miniatures pour la Dreamhouse de Barbie.

Vidéo du jour
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Kartell dans le grand bain

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Après quatre ans d’études, Kartell se lancera en 1964 dans la production de mobilier. Dessinée par Marco Zanuso et Richard Sapper, la chaise pour enfant empilable en plastique sera la première du genre et cassera la baraque. Suivra un fauteuil de Joe Colombo, le “4801”, qui le voulait en plexy mais qui sera produit en plastique. Ce modèle iconique sera réédité en 2011. Très vite, Kartell donnera son feu vert au “mobilier pour la jeunesse” dessiné par Anna Castelli Ferrieri, qui imaginera également une kyrielle de chaises et fauteuils “adultes”. Avec le chariot “OXO” d’Antonio Citterio et Oliver Löw, Kartell passe au métal perforé. En 2013, avec Kartell-Laufen, la firme se jettera à l’eau avec une première collection de sanitaires et mobilier de salle de bains signée Ludovica+Roberto Palombo.

Photo : Mobilier de salle de bains de Kartell-Laufen.

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Claudio Luti

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Né à Milan, diplômé en économie et commerce de l’Università Cattolica de Milan, Claudio Luti connut une première carrière dans la mode, puisqu’associé cofondateur en 1977 de la maison Gianni Versace. Arrivé chez Kartell en 1988, il en devint propriétaire cette même année et s’installa dans le fauteuil de président. C’est lui qui propulsera la firme au zénith des entreprises leaders du design italien avec 130 magasins amiraux, 250 corners, 2500 revendeurs dans plus de 130 pays et 75 % de sa production exportée. Bardé d’honneurs et de distinctions, en Italie comme à l’étranger, Claudio Luti qui fut l’une des grandes figures de l’ExpoMilano2015 occupa également entre 2012 et 2014 la présidence du Cosmit, société organisatrice du Salone del Mobile.

Photo : Claudio Luti propriétaire de Kartell depuis 1988.

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La naissance du Museo Kartell

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Voulu par Claudio Luti, aménagé en 1999 dans l’ancien hall pavé du siège social de Kartell à Noviglio, bâtiment dessiné en 1967 par Anna Castelli Ferrieri et Ignazio Gardella, le Museo Kartell a été rénové en 2015 par Ferruccio Laviani. Étagé sur 2500 m2 au gré d’une exposition chronologique de tout ce que la firme a pu produire depuis 1949, son parcours est une plongée dans l’histoire du design. Avec plus de mille objets exposés, abritant un fonds d’archives de plus de huit mille références, le Museo Kartell est placé sous le commissariat d’Elisa Storace, auteur de la monographie Kartell (éditions Taschen, 2013). Musée encore: de leur vivant, Giulio Castelli et Anna Castelli Ferrieri ont offert au centre Georges-Pompidou, une quarantaine de pièces originales. Distingué en 2000 par le Guggenheim comme le meilleur musée d’entreprise, le Museo Kartell est visitable sur rendez-vous.

Photo : Le robot "Ines" de Denis Santachiara, exposé au Museo Kartell.

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Kartell toujours à la pointe de l'innovation

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“Les matériaux plastique qui veulent imiter quelque chose perdent de leur intérêt. La disponibilité du plastique est illimitée...”, assurait Giulio Castelli. Industrie + recherche = innovation. Polyéthylène basse densité. Polypropylène. Polyméthacrylate de méthyle... La mise au point du polycarbonate transparent aura nécessité quinze années de recherches.

Photo : La chaise pour enfant empilable " K4999".

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Objet fétiche et mascotte

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Un presse-citron? un tabouret? un porte-revues? Rien de tout cela: le premier objet produit et fabriqué par Kartell en 1949 est un râtelier à skis conçu par l’architecte Robert Menghi et composé d’un jeu de sangles élastiques dûment brevetées par Pirelli et pensé pour s’adapter à tout type des toits-galeries de voiture. À découvrir à l’entrée du Museo Kartell, fixés sur une Fiat 500 R blanche comme neige. Marotte des années pub, Kartell eut aussi droit à sa mascotte, dessinée par Michele Provinciali. Illustrateur et graphiste renommé, travaillant avec les plus grands éditeurs (Zanotta, Cassina, Arflex, Gavina...), ce talent fou signa même des affiches de cinéma: la plus connue reste celle de “L’Avventura” de Michelangelo Antonioni avec Monica Vitti.

Assiette "Jellies Family" de Patrcia Urquiola pour la collection Kartell in Travola.

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