Dans la galaxie des lampes emblématiques des années 60, la lampe Eclisse de Vico Magistretti occupe une place majeure. Petite par sa taille mais grande par son talent à marquer ses contemporains autant que l’histoire du design, l'Eclisse est considérée comme une lampe d’avant-garde, l’une des premières à faire le lien entre forme et fonction, design et utilité. Une recette miracle qui fera les beaux jours du design italien industriel de l'après-guerre.

Vico Magistretti, apôtre de la simplicité

Avant de devenir un maestro du design italien des années 60, Vico Magistretti a comme beaucoup de ses comparses excellé dans l’art de l’architecture. Ce dernier allait même jusqu’à déclarer que l’architecture était sa première passion quand le design n'était qu'une chose qu’il faisait « de la main gauche ». Une main gauche de qualité à en croire son impeccable CV où sont mentionnés en vrac : Cassina, Flos et Kartell. Celui qui était passé par les bancs de la faculté d'architecture de Milan maîtrisait tout aussi bien ce second métier dédié au mobilier qu’il appréciait pour sa capacité à « toucher un maximum de gens possible ». 

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Dans l’Italie de l’après-guerre, celle à reconstruire au-delà des distensions politiques, Vico Magistretti et ses camarades architectes apprennent autant à créer des logements qu'à les meubler. Meubler utile. Un argument créatif qui ne l’a jamais réellement quitté, lui qui préférera toujours le principe de rationalité aux excès de style. Quand l’Italie devient le fief du design industriel à l'aube des sixties, il en devient l’un des principaux acteurs. Inspiré par des matériaux plus innovants et plus en phase avec la fonctionnalité que réclame l’époque et la démocratisation qui va naturellement avec, il va imaginer l’un des futurs best-seller du design italien : la lampe Eclisse.

Eclisse, une lampe ludique et pratique à la fois

1965. L’éditeur Artemide collectionne les grands noms du design et de l’architecture d’alors à son catalogue. Parmi eux, Vico Magistretti. Pour l’éditeur culte, il imagine une mini lampe aux frontières de l’amusement et du design. Il faut dire que l’un et l’autre font bon ménage en cette décennie fructueuse et ludique où les couleurs et les courbes séduisantes sont les matières premières du design. Fidèle à son nom - qui signifie "éclipse" en italien -, la lampe Eclisse fonctionne sur un ajustement de l’intensité de la lumière grâce à un abat-jour intérieur rotatif qui « éclipse » la source lumineuse. En privilégiant une double coque, l’une fixe et l’autre mobile, Vico Magistretti propose au grand public une petite lampe à la luminosité fluctuante. Un objet pratique et ludique comme le plus grand nombre le réclame.

Avec son apparat archi pop, une structure en métal peint disponible en blanc, rouge ou orange, Eclisse débarque avec aisance dans les intérieurs pour ne plus jamais les quitter. En guise de lampe de chevet, applique murale ou petite lampe d’appoint, cette création a su très vite trouver une place de choix auprès du grand public de l’époque comme convaincre les pontes du design. En 1967,  Vico Magistretti décroche le plus grand prix du design, le Compasso d’Oro, pour cette petite lampe à la simplicité exemplaire. Sa technicité précieuse et son look ludique lui permettra d'intégrer quelques années plus tard la collection permanente du MoMa de New York.

La seconde jeunesse de la lampe Eclisse

Vintage à souhait, la lampe Eclisse continue de séduire les nouvelles générations, sensibles à l'esthétique pratique et mythique du design italien des sixties. À l'occasion du 100 ème anniversaire de la naissance de Vico Magistretti, l'éditeur Artemide rend hommage au designer italien avec une édition spéciale de son modèle culte. Aux couleurs pop classiques s'ajoutent désormais 4 nouveaux coloris métallisés et une réédition en coloris jaune. Comme une seconde jeunesse offerte à celle qui n'a pas pris une ride !