Dimore : de l’italien “dimora” que l’on peut traduire en français par “maison” ou encore “résidence”. Un mot presque taillé sur-mesure pour ce cabinet de décoration d’intérieur milanais, fondé en 2003 par Britt Moran, graphiste originaire de Caroline du Nord, et Emiliano Salci, fabricant de meubles né en Toscane. Ce duo aux allures de Dolce & Gabbana du design a réussi en une quinzaine d’années à ériger sa conception singulière de l’architecture d’intérieur en signature esthétique mondialement reconnaissable et reconnue. 

Superpositions intrépides de couleurs saturées, d’influences anachroniques et de styles antagonistes, les intérieurs imaginés par Dimore Studio transgressent sans équivoque le minimalisme ambiant, impulsant, presque sans le vouloir, une nouvelle ère dans le design d’intérieur. Un simple aperçu de leur nouveau studio suffit à s’imprégner de leur univers si particulier, l’espace mêlant rares meubles italiens, lanternes chinoises issues d’un ancien bar de Berlin, branches florissantes suspendues et fresques murales du XVIIIe siècle. Un peu plus loin, un canapé français baroque s'accommode d’une lampe design culte, le lampadaire "Arco", sans même nous faire sourciller. "Je pense que c’est ce qui est dans l’air du temps", expliquait en 2014 Britt Moran au magazine W. "Les gens veulent quelque chose de plus décoratif, moins minimaliste."

 


Showroom Hermès
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Vidéo du jour

Une réussite fulgurante

Un constat que le designer a établit au fil des multiples projets que Dimore Studio a pu mener, jonglant dès ses débuts entre des clients divers et variés, des exigeantes maisons de luxe comme Sonia Rykiel, Bottega Veneta, Hermès, aux hôteliers haut-de-gamme à l’image de Ian Schrager et Thierry Costes. À Milan, ils signent le Ceresio 7, un restaurant en bord de piscine construit au-dessus du showroom de Disquared2. Chaises bleu canard, lustres Stilnovo, bar en laiton style Art Déco, ce haut-lieu de la vie noctambule milanaise mixe modernisme américain, insouciance méditerranéenne et clins d’œil à l’œuvre de Charlotte Perriand.

 


Restaurant Ceresio 7, à Milan.
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Rapidement le duo assure d’autres commandes d’envergure comme un hôtel à Guadalajara, au Mexique, dans l’esprit de l’architecte Luis Barragán; un château du XVIe siècle à Cognac ou encore la maison emblématique de l’avenue Junot à Montmartre, construite en 1924 par l’architecte autrichien Adolf Loos pour Tristan Tzara, poète et fondateur du mouvement Dada. 

 


Hôtel à Guadalajara, au Mexique.
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Calme, luxe et excentricité


Plus récemment, Dimore a revu et corrigé le flagship Fendi, rue Sloane, à Londres, distillant son imagerie iconoclaste sur les 437 m2 de cet espace monumental. Murs habillés de velours côtelé et de faux parchemins, tapis aux motifs géométriques et vitrines en plexi : la boutique de luxe s’inscrit à contre-courant des traditionnels écrins de vente à la décoration monacale. “Nous voulons que les gens se sentent comme chez eux” confiait alors Emiliano Salci au Financial Times. Toujours à Londres, le studio signe également Leo’s, le bar-restaurant privé de l’Arts Club, ressuscitant pour l’occasion l’esprit Côte d’azur des seventies sur un mode élégamment excentrique. 


Boutique Fendi à Londres.
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Dernière réalisation en date ? Le prestigieux hôtel du Rond-Point des Champs Elysées, pour lequel Dimore Studio a su préserver les inspirations Art Déco historiques de la bâtisse tout en les associant, avec un twist parisien, aux tendances contemporaines. Ou quand le design d'intérieur permet (aussi) de faire dialoguer passé et présent.


Hôtel du Rond Point des Champs-Elysées
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