Laisser Lisbonne écrasée de chaleur derrière soi, filer au sud-ouest vers Comporta, monter sur le bac et humer la brise venue de l'Océan en traversant l'estuaire du Sado. Cap sur la péninsule de Troia et sa réserve naturelle : des hectares de prairies salées, paradis des hérons... Et des Lisboètes qui se cachent l'été sur cette presqu'île brodée de dunes et d'immenses plages de sable blanc bordées de pins. Loin des regards et encore préservée.
Une amitié et une passion pour l'architecture
"Enfant, je passais mes vacances en famille à Comporta, raconte Pedro, attaché à la région depuis toujours. Nous adorions vivre dans des petites cabanes de pêcheur..." Pour y jouer les Robinson, savourer les palourdes du Sado et retrouver, le temps des vacances, ses amis et Lorenço, son fils étudiant aux Etats-Unis, Pedro rêvait d'y construire la sienne. Influencé par ses voyages en Indonésie, en Thaïlande et à Hong Kong, il a longuement mûri ce projet avec un ami allemand de longue date, l'architecte Andreas Mörschel.
"J'ai rencontré Pedro à Lisbonne, nous sommes très vite devenus proches, je connais les siens et nous partageons la même expérience : lui, Portugais vivant en Allemagne, moi Allemand ayant étudié et vivant au Portugal !" résume Andreas. Andreas imagine trois cabanes distinctes d'acier, de verre et de bois, inspirées des pagodes asiatiques et regroupées autour d'un patio central végétalisé. L'une comporte un grand séjour, avec une partie repas et la cuisine, une autre une chambre, sa salle de bains et un jacuzzi. La troisième intègre deux chambres et leurs salles de bains. Posées sur une dalle en béton, elles sont dotées de panneaux solaires et chauffées par le sol.
Des pièces en totale osmose avec la nature
Derrière les immenses baies à double vitrage, le volume intérieur du séjour, impressionnant - 6 mètres sous plafond avec une cheminée au gaz monumentale - joue avec la sensualité des matières et des surfaces : dalles en grès cérame anthracite, murs en béton et charpente en sycomore. Des canapés gris foncé ton sur ton ajoutent une touche minérale. Dans la salle à manger, le mobilier scandinave en bois clair et chocolat se fond dans les pins et les herbes sèches de la lande. Le bassin de nage, situé dans l'axe du patio central a été rapproché de la maison. "Nous l'avions implanté loin de la maison, mais c’était une erreur nous avions toujours besoin d'aller à la cuisine..." confie Pedro. Comme les pièces d'eau qui prolongent la maison, et les baies, il crée une impression de miroir propice à un voyage immobile. Dedans ou dehors ? Quelle importance quand le regard se perd sur l'horizon d'un océan de graminées...
Texte : Catherine Cornille avec Isabelle Soing