Les prix des énergies fossiles s’emballent et nos factures de chauffage aussi. De plus en plus douloureuses, il devient urgent de réagir pour que cesse cette hémorragie énergétique et financière. Mais avec un peu de méthode, quelques travaux et un équipement adapté, cette situation difficile pourrait bientôt tenir du mauvais souvenir.

1/7

Des factures de chauffage toujours plus chères

Castorama

Nous traversons une crise énergétique sans précédent et de nombreux français s’inquiètent de leurs prochaines factures de chauffage. Considérablement accentuée par la guerre en Ukraine, la situation n’est pourtant pas nouvelle car le cours du gaz comme celui de l’électricité (indexé sur le premier) ont régulièrement augmenté depuis des décennies. Alors que les derniers chiffres de 2020 indiquaient une facture moyenne de chauffage de 1696 euros (par ménage et par an), la hausse représentant déjà autour de 4% chaque année. Un seuil que le bouclier tarifaire est parvenu à maintenir en 2022. Mais bien que prolongé l’an prochain, ce dispositif ne limitera cette fois la casse qu’à hauteur de 15% en 2023. Et cette augmentation (certes contenue par rapport aux scores mirobolants annoncés sans protection) se répercutera directement sur nos futures factures de gaz et d’électricité qui devraient gonfler respectivement de 25 et à 20 euros par mois en moyenne. Et après ? Les prix de ces énergies cesseront-ils enfin de flamber ? Que se passera-t-il en 2024 si ce bouclier tarifaire n’est pas reconduit ?

Devant tant d’incertitudes, il est plus que temps de prendre le taureau par les cornes. D’autant que nombreuses solutions permettent de réduire drastiquement ses dépenses en chauffage (qui représentent en moyenne les deux tiers des consommations énergétiques d’un foyer). Mieux, un vrai plan de bataille serait capable de faire disparaître les factures pour toujours. C’est d’ores-et-déjà le cas des nouveaux bâtiments construits depuis quelques mois sur tout le territoire. Soumises à la Réglementation Environnementale (RE) 2020, toutes les constructions neuves sont désormais positives en énergie. Avec l’obligation de produire plus qu’elles ne consomment, elles couvrent non seulement leurs propres besoins aussi ceux des autres en revendant l’excédent de production. Une belle avancée qui ne concerne qu’une minorité ayant prévu de faire construire. Pour les autres, il s’agit de s’arranger avec leur logement actuel. En agissant sur le bâtiment ou le système de chauffage, mais aussi en modifiant nos comportements. Car additionner les dispositions autour de cet élément indispensable au confort permet de s’approcher et même d’atteindre le même niveau de performance que les bâtiments positifs. Et dire enfin adieu à des factures exorbitantes !

2/7

Réduire sa facture de chauffage en isolant le bâtiment

Lutz Architectes/Corinne Cuendet

Aux grands maux, les grands remèdes. Avant de se demander comment chauffer, il faut encore savoir ce que l’on veut chauffer. Quelle surface, quel volume, mais aussi quelle résistance face au climat extérieur. Plus l’enveloppe d’un bâtiment sera capable de conserver la chaleur à l’intérieur, moins il aura besoin d’en produire. C’est pourquoi l’isolation du bâtiment reste le meilleur moyen de réduire les factures de chauffage. Les murs, le toit, les fenêtres et le sol, il s’agit de protéger thermiquement toutes les surfaces en contact avec l’extérieur. Si la résistance thermique de votre habitation n’est pas satisfaisante, renforcer l’isolation sera donc la manière la plus spectaculaire de réduire les consommations de chauffage.

Certes, de tels travaux d’envergure sont assez coûteux (compter entre 100 à 200 euros du m2 selon la surface traitée et la méthode employée) mais il faut bien comprendre que leurs bénéfices seront exponentiels à long terme. Pour les logements bâtis avant la première réglementation thermique de 2005, une bonne isolation suffira à réduire de plus de moitié les besoins en chauffage. Des économies qui rentabiliseront en quelques années un investissement de départ qui peut en outre être en partie subventionné grâce à de nombreuses aides financières mises en place par les pouvoirs publics. Avec un important potentiel d’économies de chauffage, l’importance des travaux comme le coût de leur exécution seront rapidement oubliés.

>> Potentiel d’économies : Plus de 50% pour un logement bâti avant 2005 et rénové aux normes BBC.

3/7

Agir sur le système de chauffage

Tulikivi

Au cœur du problème d’un chauffage trop cher, il y a la méthode employée pour dispenser la chaleur chez vous : quel appareil, quelle énergie et quels choix d’installation ? Selon la configuration, les factures pourront là encore varier considérablement. Les énergies de chauffage se distinguent d’abord en deux grandes familles : celles dites fossiles comme le gaz, le fioul ou encore l’électricité (qui restent les plus employées) sont au cœur de la crise que nous traversons.

De plus en plus chères pour des raisons tenant autant à leur rareté ou leurs conditions de transformation et d’acheminement qu’à la situation géopolitique, elles sont concurrencées par les énergies dites renouvelables. Comme leur nom l’indique, elles peuvent être obtenues de manière quasiment inépuisable et sont donc moins chères. À titre informatif on estime qu’en 2022, un kw de chaleur produit avec du bois buches revenait à 4 centimes d’euros avec du bois bûches, 9 centimes avec du gaz, 16 centimes avec du fioul, 17 centimes avec de l’électricité et qu’il est entièrement gratuit avec du soleil ! Des variations du simple au quadruple qui se traduisent évidemment sur vos factures. Au-delà de l’énergie utilisée, l’appareil lui-même peut présenter des différences notables selon ses performances. Ainsi pour une même quantité de chaleur produite, une ancienne chaudière à gaz de plus de 20 ans consommera parfois jusqu’à 2 fois plus d’énergie que les modèles actuels. D’une catégorie d’appareil à l’autre, cette capacité à transformer l’énergie en chaleur se mesure différemment, rendement pour les chaudières et les foyers à bois, COP pour les pompes à chaleur, mais l’idée reste toujours la même : le rapport entre énergie consommée et chaleur produite. Les différences peuvent être telles que le remplacement d’un appareil vétuste sera rentabilisé en quelques années grâce aux économies qu’il procure.

>> Potentiel d’économies : Jusqu’à 60% pour le remplacement d’un appareil vétuste par un modèle actuel fonctionnant avec une énergie renouvelable.

4/7

Les solutions d’aménagement pour réduire sa facture de chauffage

La Nordica Extraflame

Si l’enveloppe d’un bâtiment est son principal barrage face aux aléas climatiques, sa configuration intérieure compte aussi beaucoup. Les hauteurs sous-plafond, le cloisonnement et la surface des pièces, mais aussi les choix d’aménagement, conditionnent les besoins en chauffage. D’abord il faut se souvenir que l’air chaud étant plus léger que l’air froid, la chaleur a tendance à monter. Pour éviter de gaspiller les calories produites pour le chauffage, mieux vaut éviter les pièces cathédrales ou alors utiliser la hauteur pour y faire circuler une chaleur utile (en aménageant une mezzanine par exemple).

Plus largement,l’aménagement peut contribuer à conserver la chaleur dans le logement de différentes manières. D’abord par la distribution intérieure, avec des pièces de jour au sud et des pièces non chauffées (locaux techniques, garages, buanderies, couloirs et autres placards) au nord, pour créer des espaces tampons entre l’extérieur et les zones chauffées.

On peut également choisir certains matériaux de finitions intérieure qui favoriseront l’inertie thermique, comme la pierre au sol ou des parements de murs en briques réfractaires. Par leur capacité à emmagasiner la chaleur aux heures chaudes de la journée pour la restituer aux heures froides, ces matériaux contribuent à la régulation naturelle de la température intérieure. Autre point fondamental : les fenêtres et les portes qui doivent bien sûr être thermiquement performantes. On pourra par ailleurs calfeutrer plus encore ces points sensibles du bâtiment par l’emploi de volets et de rideaux épais. Enfin la multiplication des coussins, des plaids et autres tapis et tissus molletonnés contribuera à rendre votre intérieur chaleureux.

>> Potentiel d’économies : Un intérieur aménagé selon les principes bioclimatiques peut réduire jusqu’à 20% ses besoins en chauffage.

Vidéo du jour
5/7

Réduire sa consommation de chauffage au quotidien

Palazzetti

Allumage, réglage des températures, entretien, mais aussi approvisionnement, vous êtes seul maître à bord pour piloter votre installation de chauffage. Et là aussi, votre comportement peut générer de sérieuses économies. Au jour le jour, il s’agira de configurer et d’utiliser votre équipement pour en tirer le meilleur sans rien sacrifier au confort. Il convient d’abord de savoir utiliser son appareil de chauffage : mise en route, mais aussi programmation et contrôle de son bon fonctionnement, votre équipement doit être réglé pour correspondre à vos besoins et à vos habitudes de vie.

Évitez de chauffer les pièces inutilisées, anticiper les besoins selon vos heures de présence, détecter les fuites ou les fenêtres ouvertes, il est aujourd’hui possible d’avoir à l’œil les moindres facettes de son installation et même de la réguler automatiquement grâce aux nombreux programmes connectés proposés par les fabricants. Il s’agira aussi d’assurer l’entretien régulier de vos appareils de chauffage: nettoyage et maintenance, purge des radiateurs ou encore ramonage des conduits de fumées. En soignant ses installations, on assure leur longévité mais aussi leur fonctionnement optimal à moindre coût au quotidien.

Pour votre approvisionnement en énergie, n’hésitez pas à faire jouer la concurrence chez les fournisseurs de gaz et d’électricité et surveillez les cours du bois ou du fioul qui varient selon les moments de l’année. Enfin, parce qu’un degré de moins dans le logement correspond environ à 7% d’économies sur les factures, veillez à ne pas surchauffer votre logement. Tachez aussi de cibler les températures en fonction de chaque pièce. Si 19° sont nécessaires dans un salon ou une salle à manger, 16°c suffisent dans les chambres à coucher.

>> Potentiel d’économies : Une surveillance étroite de vos installations et une utilisation raisonnable et ciblée du chauffage peut générer jusqu’à 15% d’économies.

6/7

Profiter des aides financières

Worldstyle

La plupart des travaux d’amélioration énergétique de l’habitat existant fait l’objet d’aides financières. Qu’il s’agisse d’isoler le bâtiment, de changer de fenêtres ou d’investir dans un nouveau système de chauffage, dès lors que l’opération diminue significativement les besoins énergétiques du logement, elle est encouragée par différentes institutions. À commencer par les pouvoirs publics qui subventionnent en partie les travaux initiés par les particuliers (pour leur logement principal ou à vocation locative) avec MaPrimeRénov’. Ouvert à tous, le dispositif distingue quatre catégories de profils (selon les revenus du foyer) pour attribuer des primes remboursant jusqu’à 50% des sommes engagées. Mais pour payer le reste, il existe également l’éco prêt à taux zéro (Eco PTZ), qui peut financer jusqu’à 50 000 euros la fourniture et la pose, par un professionnel, des matériaux et équipements nécessaires à cette amélioration. Enfin, différentes primes sont octroyées par l’Ademe, mais aussi par les collectivités territoriales (l’Anah ou l’Anil) ou même par les fournisseurs d’énergie et permettent de réduire l’investissement de départ.

>> Potentiel d’économies : Un solide dossier financier permet de réduire de plus de 50% les frais engagés pour les travaux d’amélioration énergétique du logement.

7/7

Cas pratique d'économie de chauffage

Atlantic

Prenons une maison de 100 m2 construite en 1995 et qui consommerait actuellement 200kW/m2/an. Chauffée au fioul avec une chaudière d’une vingtaine d’années, sa facture annuelle tournerait autour de 2 200 euros (pour le moment). Une complète rénovation thermique de la maison au niveau BBC (isolation, fenêtres, ventilation, équipements de chauffage) permettrait de réduire les besoins du logement à 50kW/m2/an. Une division par 4 des consommations qui réduirait alors la facture annuelle à 550 euros. Mais en utilisant un appareil de chauffage performant et une énergie moins chère (une pompe à chaleur par exemple), il serait possible de réduire de 60% la note, soit environ 220 euros.

Et avec un intérieur chaleureux et aménagé selon les principes bio climatiques permettant de diminuer encore de 15% les besoins, la facture tomberait à environ 187 euros. Enfin, grâce à un comportement raisonnable et un fonctionnement optimisé de son installation, on pourrait limiter cette dépense annuelle à seulement 158€ ! Nous sommes donc passés de 2 200 à 158 euros par an de chauffage, soit une économie annuelle de 2 042 euros (qui aurait continué de gonfler chaque année avec l’inflation)! Imaginons maintenant que le coût des travaux s’élève à 40 000 euros. Un foyer très modeste pourrait prétendre à environ 20 000 euros d’aides, soit un investissement personnel de 20 000 euros fourni par un éco PTZ . Avec une économie de 2 042 euros par an, cette somme serait amortie en moins de 10 ans.

[Dossier] Toutes nos astuces pour faire des économies à la maison - 9 articles à consulter

NEWSLETTER

Intérieurs, inspirations, et conseils de pro, le meilleur de la déco chaque semaine