1/6

De Gruissan à la côte Vermeille

Vincent Leroux / Temps Machine
Entre Méditerranée et contrefort des Pyrénées, on serpente de pitons fortifiés en vignobles vallonés, jusqu'à des criques rocailleuses. Notre circuit des Corbières au Cap Cerbère, à la rencontre d'un autre sud, plus âpre et plus intense que la provence, qui garde le goût du vin, du piment et des anchois. Et, où aux détours des chemins, des hôtes et leurs maisons nous racontent, autant que les monumentaux châteaux ou les musées savants, la belle et tumultueuse histoire d'une région où les humains ont inscrit les traces de leur existence dans la terre et les flots, depuis 2000 ans.
2/6

De Gruissan aux Corbières

Vincent Leroux / Temps Machine
Le château le Bouïs, domaine viticole, est un hameau perché sur les pentes de la Clape. Les chambres et suites vastes sont installées dans le bâtiment du XIXe au-dessus d'une piscine ronde et d'une terrasse ombragée. Les maîtres des lieux, Alexis et Albane, affinent leurs cuvées et attirent pour des concerts pointus jazzmen et fans au Bouïs'Bar où l'on dégustent des tapas concoctés par un Catalan. Très impliqués dans la reconquête séculaire des AOC, ils vous raconteront en négociants déjà chevronnés la longue guerre toujours d'actualité pour la préservation de leurs vignobles (château le Bouïs, 11 430 Gruissan, 04 68 75 25 25, fax 04 68 75 25 26, www.chateaulebouis.fr, suites 2 à 4 personnes à partir de 140 €). Pour vos repas et pique-niques les comptoirs gourmands des "Cuisiniers cavistes", chaleureuse épicerie fine et table d'hôtes à Narbonne (1 et 5 place Lamourguier, 04 68 65 04 43, www.cuisiniers-cavistes.com) et, pour des repas animés et arrosés, "Les Beaux Arts", sur une ravissante petite place du village de Bages (04 68 42 55 66).

3/6

Du Fenouillèdes vers la mer

Vincent Leroux / Temps Machine
Pour passer de l'Aude aux Pyrénées-Orientales, une spectaculaire petite route serpente entre le château de Peyrepertuse et le Pech (pic) de Bugarach (D14) avant de se précipiter dans les gorges de Galamus (D10) où bouillonne l'Agly. Un des premiers ermitages de la région - ces lieux escarpés et magiques anciennement occupés par de saints hommes, aujourd'hui parfaits pour la contemplation... et les pique-niques -, celui de Saint Antoine, nous y attend entre une grotte et une source rafraîchissantes. On débouche sur une vallée où les grottes nous parlent de la Préhistoire, comme celle qui abrita l'homme de Tautavel pour lequel on a ouvert un musée fascinant et même un restaurant aux repas préhistoriques à base de bison et de daim ! (04 68 29 07 96).


4/6

La côte Vermeille

Vincent Leroux / Temps Machine
On aborde à Collioure dont les toits de brique rouge de Collioure (photo) - certains un peu trop neufs - s'accrochent sur le vallon qui se termine en deux criques au coeur du village. Les fauves y jouèrent avec la lumière "sans ombre" et aimèrent d'abord les barques aux voiles latines des pêcheurs d'anchois, peinturlurées comme leurs maisons, quand ils y débarquèrent, suivant Matisse, en 1905.
Derain disait: "Collioure sans voiles c'est un soir sans étoiles." Les pêcheurs sont partis à Port-Vendres, les touristes ont afflué, mais Collioure est toujours étincelante, entre son clocher rose et phallique, ses ruelles pastel et son château plus que royal. On y suit "les chemins du fauvisme" en commençant au café des Templiers, le bar de Jojo Pous, le fils de René le mécène bistrotier des peintres pauvres. Quelques chambres simples l'ont transformé en Hostellerie à la cuisine plutôt sympathique (12 quai de l'Amirauté, 04 68 98 31 10, www.hotel-templiers.com, chambres doubles à partir de 60 € en évitant l'annexe sans charme).

5/6

Votre voyage

Voyageurs en France (55, rue Sainte-Anne, 75002, 08 92 23 84 84 et www.vdm.com), propose une de leur "itinérance" proche de notre reportage durant laquelle ils réservent des étapes dans ldes hébergements cités : "Le Roussillon ou la mémoire entre mer et montagne" (8 jours/7 nuits, à partir de 6888 €, chbre dble).

Terre d'Aventures (08 25 84 78 00 et www.terdav.com) organise des randonnées pédestres "Les Châteaux catahres" ou "Collioure-Cadaquès les pieds dans l'eau".
6/6

Imprimez nos adresses

DR Corbis
De Gruissan aux Corbières
Au sud de Narbonne, Gruissan enroule son village autour d'une tour médiévale. Alentour, les ravages des stations balnéaires ont élevé d'indescriptibles lotissements. Il faut savoir en faire abstraction pour découvrir les plaisirs du massif de la Clape, un site écologique classé où se dégustent des crus réputés et un miel au parfum de romarin convoité depuis l'Antiquité. Des chalets s'alignent sur sa plage, décor populaire et balnéaire qui abrita les amours torrides du film "37°2 le matin". Dans le même registre, au nord, les Cabanes de Fleury plairont aux nostalgiques des congés payés. On s'y perd au ras de l'horizon dans les étangs, en admirant les ruelles de Bages et de Peyrac au long de petites routes posées sur les salines et les lagunes (D32, au long du canal de la Robine, puis D105 de Bages à Peyrac).
Fêtes musicales et pèlerinages de la Saint Pierre (28 et 29 juin) animent le port, l'ermitage et la chapelle de Notre-Dame-des-Auzils à laquelle on accède par un impressionnant cimetière marin où les cénotaphes s'abritent à l'ombre des cyprès. Ici, les processions aux silhouettes chaloupantes rouges et or annoncent déjà la très mystique Catalogne.

Une maison d'hôtes exceptionnelle donne accès à ces plaisirs. Le château le Bouïs, domaine viticole, est un hameau perché sur les pentes de la Clape, caché dans 40 hectares de vignes et de pins. Les chambres et suites y sont vastes, confortablement décorées, installées dans le bâtiment du XIXe au-dessus d'une piscine ronde et d'une terrasse ombragée. Les maîtres des lieux, Alexis et Albane, jouent avec gaieté à affiner leurs cuvées et à attirer pour des concerts pointus jazzmen et fans au Bouïs'Bar où ils dégustent des tapas concoctés par un Catalan. Très impliqués dans la reconquête séculaire des AOC, ils vous raconteront en négociants déjà chevronnés la longue guerre toujours d'actualité pour la préservation de leurs vignobles (château le Bouïs, 11 430 Gruissan, 04 68 75 25 25, fax 04 68 75 25 26, www.chateaulebouis.fr, suites 2 à 4 personnes à partir de 140 €).
Ils vous recommanderont pour vos repas et vos pique-niques les comptoirs gourmands des « Cuisiniers cavistes », chaleureuse épicerie fine et table d'hôtes à Narbonne (1 et 5 place Lamourguier, 04 68 65 04 43, www.cuisiniers-cavistes.com) et, pour des repas animés et arrosés, « Les Beaux Arts », sur une ravissante petite place du village de Bages (04 68 42 55 66).
On aborde les Corbières par le massif de Fontfroide (D615) et son abbaye cistercienne, une des plus spectaculaires de la région, mise en valeur avec passion par son propriétaire, monsieur d'Andoque. Un site magique, imprégné de dépouillement mystique. Des concerts de chants grégoriens y résonnent dans le dortoir des moines, et, plus terre à terre, un excellent restaurant aux saveurs fraîches se tient à l'entrée du cloître (04 68 45 11 08, menu à 13 €, www.fontfroide.com). Après avoir tourné dans les petites routes qui serpentent autour de gracieux villages comme Boutenac, Fabrezan, Fontjoncouse, Saint-Pierre-des-Champs et surtout Lagrasse (D611, D212, D3, D613), hébergement de luxe et de charme à la Bastide de Gasparêts, ancienne demeure d'un grand collectionneur dont les nouveaux propriétaires ont entrepris de sauvegarder l'atmosphère raffinée au milieu d'un merveilleux jardin à la française bordé d'une piscine. L'un, décorateur, vous contera le cercle d'artistes qui s'y unissaient et qui rassemblaient dans l'orangerie, autour de ce mélomane, premier collectionneur de Picasso et d'Odilon Redon, les propriétaires de l'abbaye de Fontfroide et les représentants éclairés des grandes fortunes viticoles. L'autre vous entraînera au fil des randonnées qu'il accompagne... dans l'Himalaya ! (2 rue de l'Église, 04 68 48 66 43, www.corbieresweb.com/gasparets/chambresdhotes.htm, suites et appartements avec cuisine à partir de 110 € selon saison et durée du séjour).
Pour vos repas, ils vous recommanderont la terrasse ombragée de la Cagarol, dans le joli village d'Aigne (place de la Fontaine, 04 68 27 84 22) et, pour vous rafraîchir, une baignade sous le vieux pont de Ripaud, à côté de la route de Durban.
Autre maison d'hôtes voisine, plus modeste mais néanmoins ravissante, la Demeure de Roquelongue est un petit bijou déco dû à une propriétaire qui décline des couleurs subtiles et des agencements surprenants d'agrément dans cette maison de maître du XIXe au bas du village et de sa coopérative viticole (53 avenue de Narbonne, St-André-de-Roquelongue, tel/fax 04 68 45 63 57, www.demeure-de-roquelongue.com, chambre à partir de 82 €). Elle vous enverra vous restaurer sous la treille du Fargo de plats locaux goûteux qui osent quelques couleurs exotiques (St-Pierre-des-Champs, 04 68 43 12 78).
À Lagrasse qui, en son âge d'or, à l'aube du XIIe siècle, fédérait cent églises, vingt-cinq prieurés et dix monastères, l'abbaye domine le superbe village. On y déguste des plats méditerranéens entre la salle et le petit jardin des Trois Grâces (5, rue du Quai, 04 68 43 18 17). On monte ensuite sur les coteaux de Cascatel des Corbières pour séjourner au grand air chez les Contrepois, frais vignerons qui ont installé une maison d'hôtes aux charmes rustiques et deux gîtes au milieu de leurs vignes sous l'appellation Domaine Grand Guilhem (11360 Cascatel, 04 68 45 86 67, fax 04 68 45 29 58, www.grandguilhem.com, chambres 78 €, gîtes de 490 à 1 900 € la semaine selon taille - avec une piscine - et saison).
Tous les chemins mènent alors, sur les routes qui s'entremêlent, vers les châteaux forts cathares, mystiques citadelles du vertige avant de devenir forteresses royales, surnommées les cinq fils de Carcassonne, guettant l'envahisseur espagnol : Villerouge-Termenès, qui blottit son village autour d'un château (trop) restauré avec même une rigolote Rôtisserie médiévale avec plats du XIIIe et XIVe siècles, serveuse (et costume) d'époque, comme la vaisselle et les "gargoulettes" de vin épicé (04 68 70 06 06).
Puis, en zigzagant par de ravissantes petites routes (D40, D212, D613, D611), on visite le château de Termes, serti dans la garrigue et le calcaire, puis celui de Durfort, avant de s'éblouir de la pureté des lignes du donjon d'Arques qui se profile au bout de la route (D70) et des ruines follement photogéniques du château d'Aguilar, face au village de Tuchan.
La stupeur et les frissons nous saisissent vraiment les remparts accrochés aux nuages des châteaux de Queribus et de Peyrepertuse, d'où les "parfaits et les parfaites", hérétiques cathares, dialoguèrent directement avec Dieu avant d'être exterminés dans les bûchers de l'Inquisition quand leur dernier refuge tomba, en 1255, aux cris fameux des croisés "Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens".
Enfin, fabuleusement située, l'Auberge du Vigneron, au village de Cucugnan célèbre pour le sermon de son curé signé Daudet, est une base parfaite pour s'attaquer à toute heure à ces monuments escarpés (2 rue Achille-Mir, 04 68 45 03 00, chambre double 40 €).

Du Fenouillèdes vers la mer
Pour passer de l'Aude aux Pyrénées-Orientales, une spectaculaire petite route serpente entre le château de Peyrepertuse et le Pech (pic) de Bugarach (D14) avant de se précipiter dans les gorges de Galamus (D10) où bouillonne l'Agly.
Un des premiers ermitages de la région - ces lieux escarpés et magiques anciennement occupés par de saints hommes, aujourd'hui parfaits pour la contemplation... et les pique-niques -, celui de Saint Antoine, nous y attend entre une grotte et une source rafraîchissantes. On débouche sur une vallée envahie par la vigne où les grottes nous parlent de la Préhistoire, comme celle qui abrita l'homme de Tautavel pour lequel on a ouvert un musée fascinant et même un restaurant aux repas préhistoriques à base de bison et de daim ! (04 68 29 07 96).
Beaucoup plus sophistiqué, installé sous un mûrier tricentenaire par une grande et belle dame du vin et de l'art, Sabine Dauré, le grill du château de Jau, insolite demeure toscane et rose à quelques minutes au sud (D59) propose ses grillades et les vins exquis du domaine avant une visite de l'exposition des étonnants photogrammes d'Éric Rondepierre. Un endroit merveilleux où il fait bon s'attarder (66 600 Cases de Pêne, 04 68 38 91 38, déjeuner uniquement à 28€, dégustation de vins comprise). On repart dans la nature, splendide, en grimpant vers l'ermitage de Força-Real (D612 et D38) avant de zigzaguer par de superbes petites routes dans une région sauvage en passant par Belesta, Montalba, Catllar où l'impressionnant et parfait pic du Canigou (2784 m) apparaît et disparaît au détour des chemins. C'est en ces lieux que, depuis des siècles, les hommes ont élevé de sublimes édifices à la gloire de leur Dieu. Au milieu de la rigoureuse simplicité des pierres romanes, la lumière se glisse comme un sacrement dans la monumentale abbaye de Saint-Michel-de-Cuixa où se rassemblait dès l'an 1000 toute l'Europe spirituelle et artistique. Autre haut lieu de l'art roman, le prieuré de Marcevol, à côté du village perché d'Arboussols et du pittoresque et très touristique Eus (D35), vous guidera vers l'initiatique "Chambre de cire" de l'artiste contemporain Wolfgang Laib, encastrée dans les roches blanches.
On passe du côté des Asprès pour monter vers un lieu non moins magique, le prieuré de Serrabona, par les superbes gorges du Boulès (D618). Halte gourmande au Relais, à ses pieds, où les agriculteurs de la région vous proposent leurs produits (04 68 84 26 24) avec lesquels on repart pique-niquer dans la verdure suspendue dans le ciel de l'ermitage de Saint-Ferréol (D615) avant de visiter Céret, gros bourg charmant chéri par les cubistes. À ne pas manquer derrière les platanes du boulevard Joffre, le superbe musée d'Art moderne, tenu avec passion par Joséphine Matamoros qui présente "Matisse, Derain, Collioure 1905" jusqu'au 18 septembre (04 68 87 27 76).
Cette région est aussi un paradis des chineurs. Nous avons apprécié l'éclectisme d'Alain Ribes (6 rue du Commerce, Céret, 04 68 87 10 60) et la pittoresque et pleine de bonnes surprises galerie San Jordy, installée dans un vieux moulin à eau qui borde la N116 à Rodès (04 68 05 94 11).
Nous avons aimé dormir aux Buis, à l'Ille-sur-Têt, demeure de notable où les salons, la véranda et la piscine sont précieusement décorés par une propriétaire hôtesse de l'air et chineuse inspirée (37 rue Carnot, 66130, 04 68 84 27 67, www.lesbuis.com, de 70 à 95 €).
Promenade matinale recommandée aux Orgues, un site géologique extravagant très agréablement aménagé (04 68 84 13 13).
Plus campagnarde, blottie dans les vergers et la verdure, La Casa del Arte, une ancienne bergerie devenue maison d'hôte a installé aussi une jolie piscine sous les arbres (Mas Petit, 66300 Thuir, tel/fax 04 68 53 44 78, chambres et suite de 75 à 100 €). Ils vous enverront de visiter pour l'apéritif les Caves Byrrh (6 bd Violet, Thuir, 04 68 53 05 42) avant de vous restaurer au très catalan et pétillant Can Marty (bd Léon-Jean-Grégory, Thuir, 04 68 53 61 40). Passé le trop mignon et très prisé des touristes village de Castelnou autre séjour de charme "au bout du monde" sur le Domaine de Quérubi, aux chambres coquettes, à la table d'hôtes gourmande et à la sublime

NEWSLETTER

Intérieurs, inspirations, et conseils de pro, le meilleur de la déco chaque semaine