Inhabité depuis une cinquantaine d'années, cet atelier de peintre niché sous les toits d'un immeuble haussmannien avec une vue dégagée jusqu'au Sacré-cœur a été confié à l'architecte d'intérieur Aurélie Berthet avec un programme de réhabilitation très précis, à la fois public et privé. Petite-fille du peintre Paul Signac et gardienne de ses archives, sa propriétaire, Charlotte Liebert-Hellman, souhaitait faire de ces 50 m2 avec quatre mètres sous plafond, un lieu de stockage et de consultation de documents, mais tenait à ce qu'ils puissent se transformer en appartement d'appoint pour recevoir ses amis ou sa famille de passage. Éditrice free lance -elle a notamment travaillé avec l'écrivain Hélène Gremillon-, Charlotte avait avant tout besoin d'un lieu très bien organisé. L'architecte a alors imaginé deux blocs distincts, deux boîtes en bois qui se font face.
Le premier bloc englobe une petite cuisine ouverte ( salle d'eau et penderie étant situées à l'arrière ) avec, au-dessus, une chambre en mezzanine. De l'autre côté, le second bloc est essentiellement composé de rangements déployés du sol au plafond, fermés en partie par des portes coulissantes, qui permettent à la fois de protéger les documents de la lumière et cachent également les conduits, angles et autres décrochés inesthétiques. Le moindre mètre carré a été optimisé et habillé de merisier français, un bois blond dont la matière et la chaleur adoucissent la rigueur architecturale. "Je voulais un bois de couleur douce, pas trop jaune ni trop rouge", explique l'architecte, "avec des courbes plutôt qu'avec des nœuds ou des fils. Un dessin assez souple qui s'accorde avec le parquet d'origine en chêne. Je tenais à garder des codes classiques." Ce ton clair s'accorde parfaitement avec le blanc grisé des murs "Luchon" (La Seigneurie), alors que tous les accessoires et équipements électriques sont en bakélite noire. Une façon de composer par petites touches une palette contemporaine.
Catherine Ardouin